Critique – Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! – Chahdortt Djavann – Seuil

Critique – Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! – Chahdortt Djavann – Seuil


Après avoir fait une incursion dans le roman noir américain avec l’excellent Big Daddy, Chahdortt Djavann est de retour en terre islamiste, en Iran plus précisément, pays où elle vécut avant de s’exiler en France.

Le livre s’ouvre sur la découverte d’un corps recouvert d’un tchador. « C’est forcément une pute » s’écrient les vertueux ! Ce cadavre est le premier d’une longue série…

A la page 57, l’auteure interpelle le lecteur et lui confie que son texte s’inspire de faits réels pour faire parler des mortes, toutes ces prostituées qui ont payé de leur vie l’hypocrisie du régime des mollahs qui considère le sexe comme le diable. Elle en profite pour souligner le paradoxe d’un Etat qui compte tant de gardiens de la morale et tant de putes. En parallèle aux témoignages post mortem qui sont autant de tombeaux littéraires, elle évoque le destin de deux jeunes filles, Soudabeh et Zahra, voilée à 4 ans et mariée à 12.

Dans le milieu misérable d’où elles sont issues, la prostitution est souvent le seul moyen de s’en sortir.

Texte volontairement cru, pour mieux dénoncer la tartufferie de la société persane, Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! dresse le portrait puissant et terrible d’un pays brutal avec les femmes auxquelles on nie toute humanité.

C’est le côté de plus sombre de l’Iran que Chahdortt Djavann nous dévoile, elle qui fut incarcérée à l’âge de 13 ans pour avoir manifesté conte le pouvoir en place.

A méditer à l’heure où le port du tchador se répand dans nos sociétés occidentales laïques où le deuxième sexe a les mêmes droits que le premier.

EXTRAITS

  • Elles portent le hijab le plus sévère et parviennent à se prostituer sans montrer la plus infime parcelle de leur corps. Du grand art !
  • Comment expliquer aux hommes occidentaux, dont les yeux se repaissent à volonté des jambes interminables des mannequins (…) que dans la sainte ville de Mashhad, lorsqu’un bref instant un tchador noir s’entrouvre, le feu d’artifice s’allume dans le regard des mâles frustrés qui ne pensent qu’à y pénétrer ?
  • A travers le tchador noir, les clients ne voient ni jambes, ni seins, ni peau, ni boucles de cheveux, ni chute des reins… les hommes visent directement le trou où tremper leur bite, c’est tout.
  • C’est pas ironique ça ? Une république islamiste avec tant de gardiens de la morale et tant de putes.

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