Critique – Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre – Albin Michel

Critique – Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre – Albin Michel


Pour clore sa trilogie de l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaitre s’est emparé du personnage de Louise entraperçue dans « Au revoir là-haut ». Elle n’était alors qu’une enfant et était fascinée par Edouard Péricourt, la « gueule cassée » qui était hébergée par sa mère Jeanne.

Elle est désormais adulte, est institutrice et met du beurre dans les épinards en travaillant comme serveuse à La Petite Bohème, propriété de M. Jules, un brave quinquagénaire un peu bourru qui refait la guerre toute la journée.

Mais, entre la déclaration de guerre par la Grande-Bretagne et la France à l’Allemagne proclamée le 3 septembre 1939 et ce mois d’avril 1940, c’est le calme plat sur le territoire. Cette « drôle de guerre » prendra fin le mois suivant.

En attendant, une étrange proposition est faite à Louise par un vieil habitué du restaurant. Il veut la voir nue moyennant une belle liasse de billets. Je ne dévoile pas la suite par respect pour ceux qui n’auraient pas encore lu « Miroir de nos peines ».

A quelques centaines de kilomètres de la capitale, des soldats attendent dans un fort de l’est de la France que les combats commencent. Parmi eux, le très effacé Gabriel, professeur de mathématiques dans le civil,et l’intrépide Raoul, magouilleur et adepte du système D. Ces deux jeunes hommes que tout oppose vont devenir amis.

Désiré, qui change de patronymes en fonction des rôles qu’il endosse, est un autre personnage-clé du roman. Tantôt avocat, tantôt fonctionnaire au Ministère de l’Information, où il excelle dans le registre du propagandiste, ou encore curé, il apporte une touche d’humour à cette histoire marquée par le drame.

Les histoires parallèles que l’auteur développe avec maestria vont finir bien évidemment par se télescoper.

Le troisième volet de la trilogie de Pierre Lemaitre renoue avec la verve romanesque du premier opus, « Couleurs de l’incendie », le deuxième, étant, je trouve, un peu décevant.

Malgré quelques longueurs, il nous fait découvrir, sur fond de débâcle et d’exode, des épisodes méconnus de la seconde guerre mondiale auxquels ses personnages sont confrontés. Chacun réagira selon sa nature, les salauds côtoyant les héros, la plupart des protagonistes hésitant entre l’instinct de survie, la peur, source de repli sur soi, ou encore l’altruisme désintéressé.

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