Jacky Schwartzmann est l’écrivain de ce qu’on appelle les territoires oubliés de la République version loufoque.

Conseiller principal d’éducation dans un collège de Planoise, quartier sensible de Besançon, Thibault a une sensibilité de gauche. Pour être cohérent avec ses idées, il a choisi de vivre au cœur de cette zone éloignée du centre-ville. Sur le même palier de son appartement se trouve un four, l’un des nombreux points de deal de la cité. La concurrence est tellement féroce que les trafiquants n’hésitent pas à se débarrasser de leurs rivaux. Les voisins de Thibault finiront mal, laissant un stock de cannabis et quelques liasses de billets. Malgré l’ingéniosité de la cachette, le CPE, flanqué de sa voisine Mme Ramla, mettra la main sur le pactole. Que faire de ce trésor ? Le distribuer aux familles qui tirent le diable par la queue ! De quoi donner un sens à l’existence bien morne et solitaire de Thibault qui vivra sa mission comme un sacerdoce. Quitte à dépasser les limites !

Mené sur les chapeaux de roues, « Shot ! » est une farce immorale qui, mine de rien, pointe du doigt l’état de nos sociétés modernes et, surtout, ceux qui pourrissent la vie leurs congénères. Tout le monde en prend pour son grade : les jeunes de banlieue obsédés par l’argent, avec « la Porsche comme accomplissement suprême », qui phagocytent les quartiers populaires en semant la terreur, empêchant la grande majorité des habitants d’avoir la vie sereine à laquelle ils aspirent ; « les ayatollahs de la bouffe » ; l’incurie des gouvernements successifs qui ont abandonné les plus modestes, incapables qu’ils sont d’exercer le pouvoir régalien d’assurer la sécurité des citoyens ; le mirage de l’ascension sociale pour les plus méritants qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit…

Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil pour cette lecture réjouissante.

EXTRAITS

• Michelin fait vivre Clermont-Ferrand, Peugeot fait vivre Montbéliard, le shit fait vivre Planoise.
• Nous pourrons nous vanter d’avoir expérimenté le communisme en vrai.
• Nous sommes véritablement des dealers d’utilité publique.