Critique – Souvenirs de la marée basse – Chantal Thomas – Seuil

Critique – Souvenirs de la marée basse – Chantal Thomas – Seuil


« Roman » peut-on lire sur la couverture. Tout est roman. Surtout la vie. Sous la forme de courts chapitres qui sont surtout des impressions, des souvenirs, des petites madeleines (ou biscottes) de Proust sur la mère de la narratrice et sur elle-même.
Jackie a toujours aimé l’eau. Petite, elle se baignait même dans le Grand Canal du parc du château de Versailles sous le regard médusé des visiteurs choqués par tant d’audace.
Plus tard, elle épouse très jeune le taiseux Armand, père de l’auteure qui naît en 1945 à Lyon. Toute la famille s’installe à Arcachon, un paradis rêvé pour ceux qui aiment l’océan, la plage, la nage… Alors que la mère enchaîne des kilomètres de crawl, la plus belle des nages disait Paul Morand, la fille fait des châteaux de sable et découvre l’amitié avec Lucille. Veuve, Jackie s’installe sur la Côte d’Azur alors que sa fille part à New York. Sous le soleil méditerranéen, Jackie devient une séductrice insoupçonnée rejetant son passé de femme au foyer. Autant elle aime répéter les gestes techniques de la natation, autant elle dépérit de devoir reproduire les mêmes tâches ménagères.
« Souvenirs de la marée basse », c’est l’histoire d’un transmission subtile, presque en catimini, via la nage, cette fuite vers l’horizon, de l’amour de la liberté, d’une parenthèse enchantée qui nous abstrait d’un quotidien ennuyeux.
Mais, si certes l’écriture est belle, si certes l’évocation des souvenirs juste et précise, ce récit ne m’a pas touchée à part le passage sur la rencontre de Chantal avec Lucille qui évoque la naissance d’une amitié et souligne la puissance de l’imaginaire, certaines fulgurances qui sont comme des évidences ou encore les derniers chapitres. Peut-être aurait-il fallu le savourer, le déguster plutôt que le lire d’une traite ?
EXTRAITS
– il m’apparaît soudain qu’à son insu elle m’a transmis l’essentiel  : l’énergie d’un sillage qui s’inscrit dans l’instant, la beauté d’un chemin d’oubli, et que, si j’avais quelque chose à célébrer à son sujet, quelque chose à tenter de retracer, c’était, paradoxalement, la figure d’une femme oublieuse.
– ma mère a deux visages : son visage de maison, obscur, et son visage de natation, lumineux.
– Les personnes, au fond, ont un rôle secondaire. Ce sont lés éléments qui nous dictent nos conduites. Le soleil ou la pluie, le vent, le sable, les marées.

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