Critique – Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea – L’Iconoclaste

Critique – Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea – L’Iconoclaste


Tous les deux ans avec la précision d’un métronome Jean-Baptiste Andrea publie un roman pour le plus grand plaisir de ses fidèles lecteurs dont je suis.

Avec « Veiller sur elle », il poursuit son exploration de l’enfance, ce moment magique de tous les possibles où un gamin pauvre peut être ami avec une fillette de l’aristocratie.

La scène inaugurale s’ouvre en 1986 dans une abbaye où des frères veillent un vieil homme agonisant.

Que fait celui qui n’a jamais prononcé de vœux au cœur d’une communauté religieuse ? « Il est là pour veiller sur elle ». Mais qui se cache derrière ce pronom féminin ? C’est le fil rouge qui parcourt les quelque 580 pages de ce formidable récit qui nous renvoie quatre-vingts ans en arrière.

Née en France en 1904 de parents italiens, Michelangelo alias Mimo perd son père lors de la Première Guerre mondiale. L’enfant, affublé du sobriquet de nabot en raison de sa petite taille, a hérité des talents de sculpteur de son père. Il est expédié par sa mère dans le pays de ses ancêtres pour apprendre son futur métier.

Débarqué chez un homme infâme où il est exploité, sa détermination à devenir un grand artiste aura raison des humiliations infligées.

En ce début de vingtième siècle, seuls l’Église et les riches, aristocrates et bourgeois, peuvent s’offrir des œuvres d’art. C’est chez les Orsini, « la famille à laquelle je dois mes plus grandes peines et mes plus grandes joies » précise Mimo, qu’il rencontre celle qui sera sa meilleure amie, sa jumelle cosmique à la vie à la mort et contre le reste du monde.

Malgré les séparations, la fantasque et brillante Viola dont les rêves de liberté se heurtent à une société patriarcale protégera Mimo des tentations pour qu’il ne vende pas son âme en sacrifiant sa pureté à la gloire que le pouvoir, qu’il soit religieux ou politique avec le fascisme, fait miroiter.

Avec son immense talent de conteur et son écriture envoûtante, Jean-Baptiste Andrea nous offre un intense moment de lecture.

Rendez-vous en 2025 pour son cinquième roman !

EXTRAITS

  • Elle me sourit, un sourire qui dura trente ans, au coin duquel je me suspendis pour franchir bien des gouffres.
  • Elle m’ouvrit un monde de nuances infinies.
  • Ma vengeance ne serait pas de les tuer. Elle serait de leur sourire, de ce même sourire condescendant qu’ils m’adressaient aujourd’hui.
  • Viola était le démiurge de nos vies.
  • Je sais depuis ce matin gris et tendre que lorsqu’une femme se couche sous un homme […], c’est pour adoucir sa chute.
  • Viola me donnait une nouvelle leçon – la vraie vie est dans les livres.

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