Critique – Yanvalou pour Charlie – Lionel Trouillot

Critique – Yanvalou pour Charlie – Lionel Trouillot


 

On ne trouve rien de sympathique chez Mathurin, un jeune avocat d’affaires, qui a quitté son village natal pour rejoindre la capitale, Port-au-Prince.

Ce personnage cynique, arriviste, sûr de lui, vacille lorsque Charlie, un jeune de son village, débarque dans son bureau. Les souvenirs affluent chez celui qui a fait un trait sur son ancienne vie : son amitié pour le vieux Gédéon, son amour pour Anne, la mort de son demi-frère probablement assassiné par sa mère, dévorée par la jalousie… Ce retour vers le passé le rend plus humain, touché qu’il est par la détresse de Charlie. Ce court roman polyphonique laisse s’exprimer quatre voix : celle de Mathurin mais aussi celles de ces laissés-pour-compte d’une société haïtienne inégalitaire.

Le style, à la fois puissant, tendre et poétique, est magnifique. Un exemple : à propos de Charlie, un enfant abandonné dans un orphelinat tenu par un prêtre catholique : « On lui a rappelé plusieurs fois et sur tous les tons qu’il a une tête de mains de sage-femme, une tête de lieu de naissance sans dispensaire ni pédiatre ». Pour apprécier l’écriture exigeante, savourer les pages 123 à 125.

+ There are no comments

Add yours