Rencontre avec Léonor de Récondo à l’Armitière le 26 mars 2019

Rencontre avec Léonor de Récondo à l’Armitière le 26 mars 2019


Toute l’oeuvre de Léonor de Récondo s’empare de l’identité et de la façon dont on la construit avec nos désirs exprimés ou refoulés par un milieu qui nous conditionne, nos rencontres, les hasards de la vie…

Je ne peux parler que des trois romans que j’ai lus de l’auteur qui a une autre corde à son arc que l’écriture : le violon. Dans « Pietra viva », elle s’appropriait la géniale figure de Michel-Ange, homme tourmenté pris entre une solitude indispensable à l’expression de son art et le monde des humains. Trois ans plus tard, « Amours » campaient au 19ème siècle deux femmes issues de milieux sociaux opposés attirées l’une par l’autre. Enfin, « Point cardinal » mettait en scène un homme mal à l’aise dans son corps de garçon.

Finesse et poésie sont constitutifs du « style Récondo » (même si j’ai peu aimé son avant-dernier roman).

Dans « Manifesto » que je n’ai pas encore parcouru, elle s’éloigne de la pure fiction pour se plonger dans son histoire familiale. Au chevet de son père, la narratrice accompagnée de sa mère fait défiler le cours de la vie de celui qui vit ses derniers instants. « Son esprit est allé ailleurs » confie l’auteure avec pudeur.

Fuyant la guerre civile espagnole, Félix s’installe en France. Lui l’artiste devient métayer pour survivre. Comme dans ses précédents écrits, Léonor de Récondo s’interroge sur l’identité. Ni espagnol, ni français, l’exilé parvient, grâce à « l’art qui efface les frontières » et à une « énergie vitale », à « réussir » son existence. L’auteure se souvient du caractère tempéré de son père. « La sagesse vient de l’écart entre la lucidité sur le monde et le désir de le changer » explique joliment celle qui a inventé une relation imaginaire entre son géniteur et Hemingway qui couvrira comme journaliste les « événements » de 1936.

Comme le souligne Hélène Boyeldieu, la libraire-animatrice de la rencontre, « Manifesto » est non seulement une ode à la liberté mais aussi un roman d’amour sous la forme d’une déclaration à Cécile, la mère de Léonor, et à la fille violoniste pour laquelle il construisit un instrument. Ce geste est la « métaphore » de la transmission » explique l’écrivaine dont le dernier texte est « beau, sensible et fort » selon la représentante de l’Armitière.

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