Critique – Berta Isla – Javier Marias – Gallimard

Critique – Berta Isla – Javier Marias – Gallimard


Nous sommes à Madrid à la fin des années 1960. Berta Isla et Tomas Nevinson s’aiment depuis qu’ils se sont rencontrés au lycée. Un avenir paisible paraît tout tracé pour les deux tourtereaux.

C’est sans compter sur les choix et les hasards de la vie. Parti à Oxford pour y poursuivre ses études, Tom va subir un chantage qui ne lui laissera d’autre choix que d’être enrôlé comme espion au service de Sa Majesté.

Par la force des choses, les contacts entre les époux se raréfient.

« Berta Isla » est un roman puissant sur deux destins individuels liés par un secret :

  • celui de Berta qui vit dans l’attente du retour de son amour. Malgré ses changements d’humeur, elle lui reste loyale. Même si elle ignore le détail des missions qui sont confiées à son mari, la jeune femme porte un regard lucide sur le fonctionnement de l’espionnage qui, dans une société aussi évoluée que la Grande-Bretagne, méprise toutes les règles démocratiques de transparence au nom de la défense du pays et n’hésite pas à broyer ses serviteurs que sont les agents secrets en les obligeant à utiliser des méthodes indignes et à garder le mystère sur leurs activités.
  • celui de Tom, pris au piège et devant renoncer à sa liberté, qui sait que son présent et son futur sont écrits d’avance. Quel est l’intérêt de vivre ainsi sans pouvoir se projeter ?

La question que pose Javier Marias avec pertinence est la suivante : comment faire pour vivre avec quelqu’un qu’on ne connaît pas ? La réponse est dans « Berta Isla », un très beau texte ponctué de citations extraites de l’oeuvre de T.S. Eliot dont l’une des plus explicites est : « Nous naissons avec les défunts : voyez-les revenir et, avec eux, nous-mêmes. »

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