Critique – Les lois de la frontière – Javier Cercas

Critique – Les lois de la frontière – Javier Cercas


Quand on parle de frontière, on pense le plus souvent à la géographie. Mais elle peut-être sociale comme c’est le cas dans ce magnifique roman de Javier Cercas.

Nous sommes à Gérone en pays catalan dans les années 2000. Ignacio Canas est avocat. Mais son statut n’a pas toujours été aussi respectable. Plus de 20 ans avant, alors que la démocratie s’installait après des décennies de franquisme, le jeune garçon alors âgé de 16 ans a perdu tous ses amis manipulés par un certain Batista, fils du supérieur hiérarchique de son père. Désemparé et attiré par l’énigmatique Tere, l’élément féminin, il rejoignit la bande de Zarco, un voyou issu des quartiers misérables de la ville.

Sévissant dans un premier temps dans le cambriolage, le groupe de « petites frappes » va s’essayer aux braquages de banques. Une expérience malheureuse qui enverra le leader Zarco en prison.

A travers les confidences qu’il va livrer à un jeune écrivain chargé d’écrire sur cette légende du crime, Ignacio, alias le Binoclard, va ressusciter le personnage de Zarco.

Et Javier Cercas de s’interroger sur la fascination qu’exercent sur nous les criminels qui n’ont pas de sang sur les mains (cf. dans le même registre le très bon et récent « Sulak » de Philippe Jaenada). Mais avons-nous le droit d’en faire des héros alors qu’ils ne seraient en fait que des produits d’une société qui les exclut ? Là est toute l’ambiguïté

Au-delà de cette question, « Les lois de la frontière » évoque aussi le thème de la culpabilité et de la rédemption et nous raconte une très belle histoire d’amour sur fond d’un pays qui s’ouvre à la liberté.

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