Critique – Celle qui fuit et celle qui reste – Elena Ferrante – Gallimard

Critique – Celle qui fuit et celle qui reste – Elena Ferrante – Gallimard


Troisième opus de la tétralogie « L’amie prodigieuse », « Celle qui fuit et celle qui reste » situe la suite de l’histoire de Lina et de Lenù à la fin des années 60, une période marquée par un mouvement d’émancipation des étudiants, des luttes ouvrières pour réclamer de meilleures conditions de travail et un renouveau des thèses fascistes.

Alors que le féminisme pointe timidement le bout de son nez dans une société où le poids de la religion empêche la femme de s’affranchir du machisme ambiant, Lina travaille dans une entreprise de salaisons où elle est corvéable à merci. Quant à Lenù, après le succès de son premier livre, elle part pour Florence avec Pietro, son tout nouveau mari qui ne lui fait pas oublier son amour obsessionnel pour l’excessif Nino, l’intellectuel qui aimait les femmes. Mais celle qui a fui son quartier pouilleux de Naples pour avoir une plus belle vie ne sort pas forcément gagnante de cet « exil ». La brillante et caractérielle Lina fait finalement fortune dans l’informatique prouvant qu’il est possible de s’extraire de son milieu social. De son côté, le statut d’épouse et de mère de famille de Lenù tarit son imagination littéraire.

De loin en loin, les deux amies restent en contact mais leur relation est aussi ambiguë que leurs aspirations à changer d’existence.

Entre sobriété et crudité, entre récit de l’intime et évocations historique et sociale, « Celle qui fuit et celle qui reste » propose une variation sur le thème de la femme avec toutes ses contradictions, ses faiblesses comme ses forces.

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