Critique – La Malnata – Beatrice Salvioni – Albin Michel

Critique – La Malnata – Beatrice Salvioni – Albin Michel


Dès la scène inaugurale du viol de Francesca et de la mort de son auteur dont Maddalena serait responsable (« Je voulais seulement qu’il arrête » dit-elle), on devine que le livre que l’on tient entre les mains relève du drame.

Comment en est-on arrivé là ? C’est ce que va nous raconter Beatrice Salvioni dans un premier roman très réussi.

Maddalena c’est la Malnata, la mal-née en français, une pré adolescente qui aurait le mauvais œil depuis le décès de son petit-frère dont elle avait la garde. Intrépide, courageuse, rebelle, parfois cruelle pour mieux cacher ses blessures, elle n’a peur de rien.

Elle vit dans la misère avec une mère qui l’ignore, une sœur et un grand frère qu’elle adore. Une malédiction semble planer sur cette famille qui va se disloquer.

Francesca est la fille unique d’un couple de petits-bourgeois dont la mère volage l’élève dans les règles de la bienséance.

Dans cette Italie fasciste (nous sommes au mitan des années 1930) le regard du voisin est de plus en plus suspicieux. Gare à celui qui mettra en cause la politique du Duce !

C’est dans cette ambiance où règne la peur que vont se rencontrer les deux gamines.

Pendant que la Malnata « joue » dans le Lambro flanqué de deux garçons sur lesquels elle exerce son pouvoir charismatique, Francesca l’observe.

Va alors se nouer une amitié « à la vie à la mort » entre les fillettes qui feront les quatre cents coups sous le regard désapprobateur de la communauté.

Mais sortir du rang dans une société corsetée par la religion et l’idéologie fasciste n’est pas une bonne idée.

Porté par des personnages forts que la « Grande Histoire » va malmener, le récit de Beatrice Salvioni recèle une puissance visuelle et dramaturgique dans la lignée des romanciers et des cinéastes réalistes.

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