Critique – La petite communiste qui ne souriait jamais – Lola Lafon
Même si vous n’êtes pas fan de gymnastique, laissez vous prendre par la lecture de ce magnifique roman qui puise dans l’histoire de Nadia Comaneci pour nous parler d’une petite fille, elle n’a que 14 ans en 1976, année des JO de Montréal, qui devient une femme sous les yeux du monde.
L’Adorable, une petite boule de muscles filiforme et gracieuse, va progressivement s’empâter, ses seins vont bourgeonner. Cette transformation, déjà difficile à vivre pour une fillette ordinaire, est encore plus perturbante lorsqu’elle se déroule devant des centaines de millions de téléspectateurs qui n’auront de cesse de reprocher à cette Lolita de passer de l’enfance à l’âge adulte.
« La petite communiste qui ne souriait jamais », c’est aussi l’histoire de la Roumanie des années 1970 à la chute des Ceaucescu, ce pays totalitaire qui sut si bien exploiter le talent de ses gymnases pour faire la nique aux Soviétiques et pour briller auprès des Occidentaux. Le sport comme arme politique !
« La petite communiste qui ne souriait jamais », c’est aussi une dénonciation des méthodes quasiment de torture pour atteindre le geste technique idéal. Entraînement à outrance, privation de nourriture, tout est mis en œuvre pour atteindre la perfection.
Et le propos de Lola Lafon est servi par une langue superbe qui vous prend aux tripes.
Extraits :
- Tous les sportifs qui gagnent sont des symboles politiques. Ils promeuvent des systèmes. Communisme, à l’époque, capitalisme, aujourd’hui.
- Le chapitre que je réécris n’est donc pas l’histoire d’un dictateur, mais celle de ce corps-valise que juges, présidents et dresseurs divers se disputent et s’arrachent au prétexte de le protéger. Un nouvel épisode de ce film muet, leur passion dévorante pour une jeune fille à qui jamais personne ne demande son avis. Ce qu’elle offre depuis des années se passe de mots, peut-être. Elle est intraduisible, sans doute.
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