Critique – Règne animal – Jean-Baptiste Del Amo – Gallimard
Avec « Règne animal », on est bien loin du roman du terroir qui magnifie le monde rural !
Avec Jean-Baptiste Del Amo, qui retrace la vie de cing générations de paysans gersois, tout n’est que misère, crasse, violence.
C’est au crépuscule que commence ce récit hallucinant. Eléonore vit avec son père, un taiseux pas mauvais bougre, et sa mère qui la bat. La famille vivote sur cette terre rude grâce à un petit élevage de cochons. Mais le premier conflit mondial réquisitionne les bêtes…
Plus de quatre-vingts ans plus tard, Eléonore est toujours en vie. Son mari Marcel, revenu de la guerre défiguré, est mort. Henri, son fils, est père de deux garçons, Serge et Joël. Tous les trois ont perpétué la tradition familiale de l’élevage porcin. Mais, cette fois-ci, ils ont cédé, par souci de rentabilité, aux sirènes de l’industrialisation. Parqué dans un hangar, le cheptel, bourré d’antibiotiques, subit les gestes mécaniques dispensés par les hommes devenus des robots. Confinées, les truies ne cessent de mettre bas des porcelets immédiatement émasculés et engraissés pour être envoyés dans des abattoirs aseptisés et être ensuite transformés en jambons gavés de nitrites.
Même si l’issue était fatale, le temps où on tuait le cochon était une fête est bien loin. Il y avait alors une sorte de proximité entre l’homme et l’animal, presque une gratitude de l’homme envers cette nourriture tombée du ciel.
Même si le trait est un peu forcé, donnant à ce roman des accents pamphlétaires, « Règne animal » pose la question si actuelle des relations entre les êtres sensibles, qu’ils soient hommes ou animaux.
Et l’écriture précise, visuelle, aux accents parfois flaubertiens et si habile à exprimer les propos de l’auteur est magnifique.
EXTRAITS
- Ils en viennent à haïr les bêtes qui mettent si peu de bonne volonté à mourir.
- La porcherie comme berceau de leur barbarie et de celle du monde.
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