Critique – Le Perroquet de Flaubert – Julian Barnes – Stock
Avant de célébrer en 2022 le centenaire de la mort de Marcel Proust, l’année 2021 a rendu hommage à un autre monstre de la littérature française : Gustave Flaubert.
D’où l’envie de se plonger de nouveau dans l’ouvrage de l’un de ses grands admirateurs. Sorti en France en 1986, « Le Perroquet de Flaubert » est présenté comme un roman. Si Julian Barnes a introduit de la fiction en imaginant le personnage de Geoffey Braithwaite, médecin anglais veuf et lié à l’auteur par sa passion pour l’ermite de Croisset, il introduit de nombreux éléments biographiques en citant des extraits des livres et de la magnifique correspondance de Flaubert. Surtout, il se glisse dans la peau de l’essayiste en revenant sur l’éternel débat qui oppose ceux qui pensent que la vie de l’écrivain n’a pas besoin d’être connue pour apprécier l’œuvre à ceux qui considèrent qu’elles sont indissociables. Il n’hésite pas non plus à dénoncer la posture des critiques littéraires qui ergotent sur la couleur des yeux d’Emma Bovary qui n’est jamais la même…
Grâce à la diversité des approches de Julian Barnes, c’est un Flaubert polymorphe qui apparaît.
Comme souvent, le récit de Julian Barnes est rempli d’un humour que le « grotesque » Flaubert n’aurait qu’approuvé. Il fait même un petite incursion en terre policière en transformant son double en enquêteur pour retrouver le véritable perroquet de Flaubert, empaillé bien sûr. Le suspense est garanti !
Si j’ai aimé la fantaisie du livre, j’ai été un peu déconcertée par son joyeux côté fourre-tout pas toujours facile à suivre et je n’ai finalement pas appris grand chose d’essentiel sur Flaubert. Même si j’ai trouvé certaines supputations délicieuses : « Pouvons-nous déduire que Gustave aimait Juliet du fait qu’il a appelé son lévrier Julio ? » s’interroge par exemple Geoffrey, renchérissant sur le bélier de George Sand nommé Gustave… En réalité, ce qui intéresse Julian Barnes, par la voix de son personnage, ce sont les détails qui ont échappé aux spécialistes de Flaubert et les coïncidences qui ont émaillé son existence.
Je recommande à tous ceux qui apprécient cet auteur de lire sa correspondance. Un vrai régal et un éclairage passionnant qui remet en cause bien des idées reçues sur celui qui aimait se surnommer saint Polycarpe.
EXTRAIT
« La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. » Gustave Flaubert
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours