La littérature irlandaise est certainement l’une des plus dynamiques et des plus originales. Je pourrais citer parmi mes autrices et auteurs préférés toujours bien actifs : Paul Lynch, Jan Carson, Colm Toibin, Claire Keegan, Colum McCann, John Boyne, Dermot Bolger.

Donal Ryan fait bien évidemment partie du palmarès avec son dernier roman envoûtant qui se déroule dans une campagne à la fois luxuriante et âpre.

Pourquoi Moll est partie ? Pourquoi Moll est-elle revenue cinq ans plus tard ? C’est tout le défi de « La Vie est une chose étrange » de répondre à ces questions alors que les non-dits, les secrets et les silences s’accumulent avant que la vérité n’éclate.

L’intrigue avance à petits pas dans une ambiance éthérée où des voix désincarnées et silencieuses expriment leurs souffrances et leurs sentiments à la manière d’une tragédie grecque.

Si, comme beaucoup de ses compatriotes, Donal Ryan décrit avec justesse le poids de la religion catholique dans son pays natal, dont la pratique divise deux clans irréductibles : le premier, largement majoritaire, obsédé par le péché et le châtiment divin ; le second qui prône un message de tolérance et de pardon, son récit, ode à la bonté et à l’amour, vaut surtout pour sa singularité et sa capacité à nous envelopper pour ne nous lâcher qu’à la toute fin, nous laissant sous le charme d’une histoire simple, lumineuse et pleine de grâce.

EXTRAITS

• Moll Gladney était soit enceinte soit morte et, des deux, il était difficile de dire ce qu’il y avait de pire.
• Alexander était du noir bleuté d’un ciel de nuit.