Critique – Le Cercle des obligés – Philippe Brunel – Grasset

Critique – Le Cercle des obligés – Philippe Brunel – Grasset


L’étrange roman de Philippe Brunel s’ouvre sur une scène digne d’un travelling cinématographique.

Le narrateur se souvient lorsqu’il était enfant et vivait dans le treizième arrondissement de Paris avoir vu une Plymouth, véhicule incongru dans ce quartier populaire, conduite par Jean-Pierre Melville, réalisateur connu pour ses films noirs.

À ses côtés, certains croient reconnaître Jef Costello, le tueur à gages du « Samouraï » incarné par l’iconique Alain Delon.

Ce souvenir flou de celui qui deviendra journaliste lui fait concevoir « l’existence comme une fable ».

Près de soixante ans après cette apparition, le narrateur se balade sur le port de Hyères. Nous sommes en octobre 2023.

Il se remémore les moments passés au début des années 1980 avec Pierre Salberg, célèbre reporter qui voulait faire la lumière sur l’assassinat à l’automne 1968 de Stefan Markovic, homme à tout faire d’Alain Delon.

Cette célèbre affaire eut un retentissement phénoménal, non seulement dans le monde du show-business et de la pègre, mais aussi dans la sphère politique.

Des lettres écrites par la victime et adressées à son frère pointaient du doigt la responsabilité de l’acteur et de sa femme Nathalie, dont il fut l’amant, et de François Marcantoni, un mafieux corse ami de Delon.

L’événement prend de l’ampleur lorsque des photos figurant l’épouse de Georges Pompidou dans des situations compromettantes circulent…

Elles étaient bien évidemment truquées.

Si Philippe Brunel n’éclaircit pas l’affaire Markovic, il restitue avec une certaine justesse une époque où les flics, les politiques, les vedettes, les voyous et les putes évoluaient dans un joyeux marigot de drogue, d’alcool, de sexe, de luxe où les règlements de compte défaisaient souvent les « amitiés ».

Avec son narrateur vagabondant dans le temps et l’espace, il traduit la nostalgie d’un passé révolu et sublimé, une mélancolie qui ne m’a pas vraiment touchée.

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