Critique – Des jours d’une stupéfiante clarté – Aharon Appelfeld – L’Olivier

Critique – Des jours d’une stupéfiante clarté – Aharon Appelfeld – L’Olivier


Les portes du camp de concentration se sont ouvertes. Alors que ses camarades s’empiffrent et s’enivrent jusqu’à se rendre malades, Theo prend la route pour rentrer chez lui, un joli petit village autrichien.

Dans son périple, il redécouvre la beauté de la nature et rencontre des rescapés mais aussi les fantômes de ceux qui ont péri. Ils représentent toutes les facettes de l’humanité car, malgré la Shoah, la vie continue et les êtres sont les mêmes.

Alors qu’il renaît, les souvenirs affluent dans l’esprit de Theo Celui de sa mère, une femme sublimement belle mais fantasque et mystique qui vénère la musique de Bach (« une musique pure qui nourrissait l’âme pendant plusieurs jours »), les monastères et répète inlassablement à son fils : « tu te souviendras toujours des visions du matin ». Celui de son père, un libraire trop amoureux de sa femme et qui lui passe tous ses caprices.

Au fur et à mesure de son voyage, Theo mûrit et devient un adulte capable d’appréhender le monde dans toute sa complexité.

Conte philosophico-religieux teinté de poésie, « Des jours d’une stupéfiante clarté » est le dernier livre paru d’Aharon Appelfeld disparu au début de l’année.

EXTRAITS

  • Maintenant seulement nous savons distinguer l’éphémère de l’immuable.
  • Il y a peu encore, il pensait que les collabos s’étaient eux-mêmes retranchés de la communauté des hommes. Ils avaient un visage différent. Ils seraient exécutés le jour de la libération. Et maintenant, à sa grande stupeur, ils lui apparaissaient comme des hommes.
  • La vie ne vaut pas d’être vécue sans la musique de Bach.
  • Mais la mère rétorquait que dans les synagogues il n’y avait ni sérénité, ni musique, ni images bouleversantes, le plafond était nu et le cœur ne pouvait s’exalter.
  • Ils peuvent frapper nos corps, mais ils ne peuvent pas nous prendre notre amour de la littérature, de la musique et de la peinture.
  • Au camp, on parlait une autre langue, une langue réduite, on n’utilisait que les mots essentiels, voire plus de mots du tout. Les silences entre les mots étaient leur vrai langage.

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