Critique – Et moi, et moi, et moi – Jacques Dutronc – Le Cherche Midi

Critique – Et moi, et moi, et moi – Jacques Dutronc – Le Cherche Midi


Ce livre aurait pu s’intituler « Souvenirs, souvenirs », mais le titre avait été déjà pris…

Alors qu’il vient de souffler ses quatre-vingts bougies, Jacques Dutronc, électron libre de la chanson et du cinéma, se penche sur son passé.

L’interprète de « J’aime les filles » est né en pleine Seconde Guerre mondiale au cœur du 9e arrondissement de Paris. Son père, « balochard » à ses heures perdues, est passionné de musique.

Tout jeune, il fait preuve d’un talent pour la facétie, n’hésitant pas à se balader dans les rues avec un slip kangourou accroché comme un étendard à un manche à balai…

Son amour pour les animaux, qui lui fait envisager la profession de vétérinaire ne l’a pas quitté. Il continue, à un âge avancé, de vivre entouré de chats dans sa Corse adorée.

À l’adolescence, il « profite » d’une longue hospitalisation pour se perfectionner à la guitare.

De sa jeunesse, il dit qu’elle l’a épanoui et l’a rendu libre.

Dans les années où il l’a vécue, les adolescents sont fascinés par le mode de vie américain.

C’est à cette époque qu’il rencontre Jean-Philippe Smet, le futur Johnny Hallyday, « l’être le plus charmant de la terre », et Claude Moine qui prendra Eddy Mitchell pour nom de scène. Tous les trois noueront des liens indéfectibles.

Baigné dans un environnement musical, Jacques abandonne ses études dans lesquelles il n’excelle pas et crée son premier groupe : les Dritons. Sa carrière est lancée !

Taxé de dilettantisme, le dandy parisien dénote dans cette génération où les yéyés sont sur le devant de la scène.

Singulier, il le sera toute sa vie. On a toujours l’impression qu’il instaure une forme de distance, comme s’il était ailleurs, pas vraiment impliqué.

Il alternera ainsi des moments de travail intense avec des pauses plus ou moins longues de paresse.

On retiendra de cet éternel adolescent ne se prenant jamais au sérieux et fidèle en amitié des chansons au ton décalé, des rôles magnifiques, un humour potache et une lucidité un brin misanthrope sur le monde.

C’est tout ce qui le rend si attachant et qu’il sait si bien transmettre dans ces mémoires que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire.

EXTRAITS

  • Déconnons avant que tout s’arrête.
  • J’ai raté mes études, mais j’ai réussi mes copains.
  • J’étais rebelle à tout, y compris à la rébellion.
  • Mais déconner, c’est très sérieux.
  • C’est ça, la démocratie : la tyrannie en pantacourt.
  • J’appartiens à une espèce curieuse : le misanthrope entouré.
  • Et on boit encore plus. Et un jour on en crève.
  • J’ai souvent préféré un grand chablis à un grand rôle.
  • Je suis un ermite sociable.
  • De tous mes potes, le personnage le plus important a toujours été le silence.

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