Critique – Le complexe d’Eden Bellwether – Benjamin Wood – Zulma
Même si le prélude de quelques lignes annonce le drame ultime qui couve tout au long des quelque 500 pages que compte le premier roman de Benjamin Wood, on se laisse envelopper par cette histoire machiavélique qui nous entraîne aux frontières de la démence.
Un soir, Oscar, jeune aide-soignant dans une maison de retraite de Cambridge, passe devant la chapelle du King’College. Il est saisi par l’envoûtant « vrombissement sourd de l’orgue » suivi des voix cristallines des choeurs. C’est là qu’il rencontre Iris, une jeune, jolie et intelligente étudiante en médecine. Il va tomber amoureux de celle qui est la sœur de l’organiste, Eden Bellwether, et va faire la connaissance de leurs amis et de leurs parents, représentants d’un monde privilégié où le raffinement et la culture hantent les conversations. D’abord fasciné par Eden, Oscar va découvrir une personnalité complexe qui pense que la musique a le pouvoir de manipuler les passions. Croyant qu’elle est capable de guérir, il s’affirme en médiateur de cette puissance imaginée et recourt aussi à l’hypnose pour accomplir son oeuvre.
Incarnation de la normalité et capable, par son métier, d’apaiser les maux de ses semblables, Oscar va s’opposer à Eden, le manipulateur, le mégalomane, le sadique, l’augure qui souffre manifestement d’une maladie psychiatrique dénommée le complexe de Dieu, forme exacerbée de narcissisme.
Le coup de maître de Benjamin Wood est d’incarner, via ses deux personnages principaux, le conflit entre la raison et la folie.
Un premier roman fascinant et dérangeant qui souligne combien l’irrationnel est attirant et séduisant. On le voit tous les jours avec le règne de l’émotion sur la réflexion.
Cerise sur le gâteau : j’ai découvert un compositeur que je ne connaissais pas. Il s’agit de Johann Mattheson, ami de Haendel. Depuis, j’écoute ses œuvres sur une célèbre plateforme musicale !
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