Critique – Le Dieu des bois – Liz Moore – Buchet-Chastel

Critique – Le Dieu des bois – Liz Moore – Buchet-Chastel


« Si vous vous perdez, asseyez-vous et criez », tel est le conseil avisé dispensé aux adolescents nantis d’une colonie de vacances qui tient du survivalisme sauce Koh Lanta.

Le camp Emerson créé par Peter Van Laar, deuxième du nom, se situe au cœur des Adirondacks et est surplombé par l’immense chalet débâti en Suisse et reconstruit par Peter I.

Nous sommes à l’été 1975 lorsque Barbara disparaît en pleine nuit.

La gamine de douze ans n’est pas n’importe qui. Elle est la fille de Peter III et d’Alice qui a été choisie comme une pouliche pour ses qualités de soumission. Serviles, les femmes le sont presque toutes dans cette famille de banquiers.

La volatilisation de Barbara fait suite à celle de son aîné Bear quatorze ans plus tôt, alors qu’il n’avait que huit ans, dont le souvenir hante tellement Alice, gavée de médicaments pour « soigner » sa dépression, qu’elle en oublie de prendre soin de sa benjamine.

Avec son look punk gothique, celle-ci incarne l’archétype de l’ado en rébellion contre son milieu.

Les chapitres du « Dieu des bois », plutôt courts, se succèdent en se concentrant sur les faits et les pensées des principaux protagonistes avec des allers et retours dans le temps : Alice ; Barbara ; Vic, ancien employé des Van Laar ; T. J. Hewitt, directrice de la colonie et fille du précédent ; Tracy, nouvelle amie de Barbara ; Louise, monitrice en charge du groupe de Barbara ; Carl, pompier accusé d’avoir enlevé Bear ; Judyta, jeune flic qui entend bien faire ses preuves en découvrant ce qu’il est advenu de Barbara.

En dévoilant progressivement, par une construction habile, leurs faces cachées faites de non-dits et de secrets, Liz Moore nous rend addictif jusqu’à la résolution des mystères qui ont nourri le récit dont le déroulement dans un environnement sauvage et hostile renforce la tension narrative. Une tension accentuée par l’évasion d’un prisonnier accusé de multiples assassinats qui rôderait dans les montagnes des Adirondacks…

Par ailleurs, ce polar ne se contente pas de résoudre deux affaires de disparition, elle pointe du doigt les affres de l’adolescence, l’incompréhension entre les parents et les enfants, la condition de la femme dans une société patriarcale et l’argent qui peut tout acheter.

Même le silence ?

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