Critique – L’Hôtel des oiseaux – Joyce Maynard – Philippe Rey

Critique – L’Hôtel des oiseaux – Joyce Maynard – Philippe Rey


Amatrice de l’écriture subtile de Joyce Maynard, j’ai eu pour la première fois un ressenti mitigé à la lecture de son dernier roman qui s’ouvre sur une scène saisissante : une femme de vingt-sept ans est sur le point de se suicider en se jetant du Golden Gate Bridge.

Elle rebrousse chemin. Commence alors son histoire marquée par la mort de sa mère dans une explosion.

Nous sommes en 1970 et elle n’a que six ans. Accueillie par sa grand-mère, celle-ci l’oblige à changer d’identité et à fuir San Francisco. Joan, clin d’œil à Joan Baez, la chanteuse préférée de sa mère, devient Amelia.

Devenue adulte un autre drame va frapper Joan-Amelia. Elle part de nouveau pour atterrir dans un village d’un pays d’Amérique centrale. Elle est envoûtée par la beauté du lieu en apparence préservé de la modernité et du progrès. Plus que le lac apaisant et le volcan dominant l’endroit, elle tombe sous le charme de l’hôtel où elle pose ses maigres affaires. Tenu par une femme fascinante, le refuge regorge d’une faune et d’une flore luxuriantes.

C’est là que Joan-Amelia va se reconstruire grâce à de belles rencontres et en dépit des trahisons.

De courts chapitres, qui sont autant de petites touches impressionnistes pour illustrer un événement, un personnage ou encore les états d’âme de l’héroïne, constituent la trame de « L’Hôtel des oiseaux » dont j’ai trouvé la narration, malgré un début prometteur, sans relief, redondante et un peu trop « feelgood ».

Dans ses « Remerciements », Joyce Maynard confie que, lorsqu’elle a proposé son manuscrit, celui-ci risquait d’être considéré comme de l’appropriation culturelle.

En tant que Nord-Américaine bien blanche, elle n’était pas autorisée à situer son histoire dans un pays autre que celui où elle est née ! Effrayant.

Fort heureusement, la France semble relativement épargnée par ces délires identitaires. À l’instar des Éditions Philippe Rey qui continuent de publier les romans de l’autrice sans remettre en cause sa légitimité. Ouf !

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