Critique – Ocean State – Stewart O’Nan – L’Olivier

Critique – Ocean State – Stewart O’Nan – L’Olivier


« Quand j’étais en quatrième, ma sœur a été impliquée dans l’assassinat d’une jeune fille ». Cette phrase qui ouvre « Ocean State » est prononcée par Marie, 13 ans, la principale voix qui va nous guider dans le déroulement des faits.

Nous sommes en 2019 à Rhode Island, le plus petit État des USA, dans une bourgade d’à peine 1500 âmes où tout le monde se connaît.

Grande, blonde, la peau diaphane, Angel a 18 ans. Elle vit dans une modeste maison avec Marie et sa mère aide-soignante divorcée d’avec le père des filles et noyant sa condition de quadragénaire dans l’alcool.

Depuis trois ans, elle entretient une relation avec Myles, un garçon de son âge qui a une liaison avec Birdy, petite brune et l’opposée physique de « l’officielle ».

Lorsque cette dernière apprend l’infidélité de son petit ami, tout part à vau-l’eau jusqu’à l’assassinat.

Par petites touches et avec subtilité, Stewart O’Nan fait le portrait désespérant d’une jeunesse américaine superficielle à l’heure des réseaux sociaux qui amplifient la brutalité d’un âge où on cherche à se construire sous le regard de ses pairs, où d’une amourette adolescente naît une tragédie.

En creux, il dessine une société où les fractures entre ceux qui ont de l’argent ou pas et ceux qui ont le look WASP ou latino-américain, sont plus flagrantes que jamais. Le fonctionnement de la justice illustre bien cette réalité.

L’héroïne de ce roman est sans conteste Marie, « boulotte et empotée » mais sacrément futée, que personne ne remarque lorsqu’elle se tient aux côtés de la trop belle Angel.

Délaissée par une mère qui multiplie les conquêtes masculines et par son aînée accaparée par son histoire de cœur et par l’entretien de sa popularité, elle comble ses heures de solitude en se nourrissant de malbouffe, en sniffant du gaz hilarant, en goûtant la piquette de sa génitrice et en fouinant dans les affaires des deux membres de sa famille où elle apprend beaucoup sur les secrets de chacune…

Elle est bien attachante cette Marie qui endosse les malheurs de ses proches et qui ne se remettra pas du geste fatal de sa sœur.

Dommage que le récit s’étire en longueur.

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