Critique – Par le vent pleuré – Ron Rash – Seuil

Critique – Par le vent pleuré – Ron Rash – Seuil


Tout commence à l’été 1969. Ligeia, 17 ans, débarque de Floride. Elle est envoyée dans ce trou perdu des Appalaches pour fuir les mauvaises fréquentations.

Les frères Bill et Eugene sont subjugués par la sensualité et l’impression de liberté qu’elle dégage. Pourtant, cette fille toxique va distendre les liens qui unissent les deux garçons. Si elle fait découvrir les plaisirs de la chair au cadet, elle le manipule pour qu’il lui achète de l’alcool dont il deviendra dépendant toute sa vie et pour qu’il vole à son grand-père médecin les tranquillisants qui la font planer. Tout comme les musiques de Quicksilver, Grateful Dead ou encore Jefferson Airplane.

Quarante-six ans après ce « summer love », on retrouve les ossements de Ligeia qui était censée avoir repris le chemin de la Floride. Qui l’a tuée ? Eugene se persuade que son frère est coupable…

Roman sur les relations fraternelles, « Par le vent pleuré » est aussi le récit poignant d’une famille dominée par la tyrannie de l’aïeul qui veut régenter les vies de sa belle-file veuve et de ses petits-fils dont les chemins ont divergé. Bill est devenu un brillant chirurgien, mari toujours amoureux et protecteur attentionné de son benjamin. Eugene est un écrivain ivrogne spécialiste de Thomas Wolfe (le titre est emprunté à une citation de cet auteur) en hommage à sa mère décédée d’une leucémie et qui culpabilise à la suite de l’accident qui a rendu sa fille handicapée.

Le message est clair : on est toujours victimes de son passé et des secrets de famille.

EXTRAIT

Votre moitié vous croit meilleur que vous ne l’êtes, et pendant un moment, à vrai dire, vous partagez cette opinion. Mais un beau jour vous cessez d’y croire, et bientôt votre épouse aussi, c’est alors que vous lui rappellerez où elle vous a rencontré, et le verre de whiskey qui était posé entre vous sur le comptoir, et elle dira : « Oui, je t’ai rencontré dans un bar. J’ignorais simplement que ta vie se déroulerait comme si tu n’en étais jamais sorti ».

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