Critique – Une saison à Hydra – Elizabeth Jane Howard – Quai Voltaire

Critique – Une saison à Hydra – Elizabeth Jane Howard – Quai Voltaire


La Table Ronde, avec sa collection Quai Voltaire, a eu la bonne idée de traduire et d’éditer, soixante ans après sa parution en Grande-Bretagne, l’un des romans de Elizabeth Jane Howard.

« Une saison à Hydra » est l’histoire d’un trio qui va rapidement se transformer en quatuor. Il y a Emmanuel, la soixantaine, un dramaturge juif à succès issu d’une famille misérable dominée par un père qui ne cessa de l’humilier. Sa réussite sera une revanche sur le passé. Il y a Lillian, son épouse d’une quinzaine d’années sa cadette. Malade du cœur, elle est dépressive depuis que sa petite Sarah a disparu, « morte dans une agonie si monstrueuse que j’avais envie de la tuer » confie-t-elle dans ce roman choral. Ses névroses sont amplifiées par les infidélités répétées d’Em. Persuadée qu’elle ne sert à rien, elle se réfugie dans la superficialité des apparences. Le couple qu’elle forme avec son mari est bancal, miné par l’incompréhension et l’incommunicabilité. Le troisième personnage est Jimmy, l’homme à tout faire de l’artiste, lui aussi blessé par une enfance malheureuse. Il y a enfin Alberta, la nouvelle secrétaire de l’écrivain, une jeune fille tellement parfaite qu’elle en est presque lisse. C’est ce quatrième élément qui va bouleverser l’équilibre fragile du trio sans racines habitué aux voyages. Et c’est à Hydra en Grèce, pays où la tragédie est née, que tout va se jouer.

Dans une prose délicate, pleine de poésie, Elizabeth Jane Howard développe, souvent avec cruauté, une analyse psychologique fine doublée d’une observation subtile du sentiment amoureux. Peut-on changer, telle est la grande question qu’elle soumet aux lecteurs sous le charme de ce récit sensible et juste.

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