Comment un simple courrier de l’Assurance Maladie vous encourageant à se faire dépister pour détecter un éventuel cancer colorectal peut-il à ce point bouleverser la vie de l’homme qui l’a reçu ?

Rappelons que ce test est proposé à tous les Français âgés de 50 à 74 ans. Or, Axel, le narrateur de « Broadway », n’en a que 46 et trouve, à partir d’une évidente erreur d’envoi ou d’une blague d’un ami facétieux, l’occasion de faire un point sur sa vie de presque quinquagénaire, cap difficile à passer pour tout mâle qui se respecte.

Angoissé par la vieillesse, rongé par l’habitude, froussard, procrastinateur, lâche, incapable de dire non, se laissant porter par paresse par les événements et les décisions des autres, marié à la même femme depuis deux décennies, Axel a des rêves qu’il n’a jamais pu réaliser : remonter le groupe de rock dont il était le batteur, se soûler dans un bar de Buenos Aires avec Benjamin Biolay… ou tout simplement fuir, « démissionner de la réalité ».

Côté sentiment, il s’entiche de la prof d’anglais de son fils que ce dernier a dessiné en fâcheuse posture !

Mais ses désirs vont rester à l’état de fantasmes. A la place, il est condamné à prendre l’apéro avec ses voisins qu’il déteste ou à faire du paddle à Biarritz avec des amis qu’il trouve ennuyeux.

Chantre de l’absurde, Fabrice Caro s’empare de tous les détails du quotidien d’un homme ordinaire pour dénoncer la vacuité de son existence. Ces tranches de vie sont drôles, féroces mais aussi nostalgiques. Comme l’anti-héros, chacun d’entre nous pourrait se poser la question suivante : qu’avons-nous fait de nos rêves. La réponse est : pas grand chose. Mais est-ce si grave ? Finalement, le bonheur tient à peu de chose. Il suffit de le vouloir…

EXTRAITS

• N’espère rien et tu seras exaucé : tu n’auras rien.
• Tout est foireux par essence, mais on continue de se persuader qu’atteindre son but est la règle et non l’exception.