Critique – Encre sympathique – Patrick Modiano – Gallimard

Critique – Encre sympathique – Patrick Modiano – Gallimard


« Qui veut se souvenir doit se confier à l’oubli, à ce risque qu’est l’oubli absolu, et à ce beau hasard que devient alors le souvenir ». Cette citation de Maurice Blanchot placée en exergue du dernier roman de Patrick Modiano résume son esprit.

Jean Eyben, le narrateur, décroche un emploi précaire auprès d’un détective privé. Il est chargé d’enquêter sur la disparition d’une certaine Noëlle Lefebvre qui va le poursuivre avec plus ou moins d’intensité pendant cinquante ans.

Ce « cold case » en plein Paris le mène dans des lieux et à la rencontre de personnes que la femme aurait fréquentées. Sans succès. Les petits cailloux qu’il sème ne le mènent pas à celle qui semble s’être volatilisée. Peu importe car l’histoire, l’intrigue ne sont qu’un prétexte à dérouler « la petite musique de l’auteur », ce style reconnaissable qui fait la marque du grand écrivain.

En nous glissant dans cette lecture, nous avons la sensation d’être dans un cocon où tout est flou. Roman sur la mémoire, le souvenir, le temps qui passe, l’amnésie, l’anamnèse et, surtout, sur l’oubli, « Encre sympathique » laisse notre imagination vagabonder tout en nous livrant les clés de l’écriture modianesque.

EXTRAITS

  • Cela me confortait dans l’idée que, si vous avez parfois des trous de mémoire, tous les détails de votre vie sont écrits quelque part à l’encre sympathique.
  • Le présent et le passé se mêlent l’un à l’autre dans une sorte de transparence, et chaque instant que j’ai vécu m’apparaît, détaché de tout, dans un présent éternel.

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