Critique – La soustraction des possibles – Joseph Incardona – Finitude

Critique – La soustraction des possibles – Joseph Incardona – Finitude


Genève, l’austère calviniste, a tout oublié de la rigueur de son fils adoptif. Nous sommes en 1989.

Le mur de Berlin va tomber et le bloc de l’est se disloquer. La mondialisation s’étend et, avec elle, les trafics en tous genres. Le secret bancaire attire dans la « capitale de la paix » les fortunes qui pratiquent allègrement l’évasion fiscale et le blanchiment. De quoi tenter un homme comme Aldo, professeur de tennis et gigolo au charme vénéneux qui séduit les riches femmes au foyer esseulées.

Toujours au bord du lac Léman, Svetlana, elle aussi issue d’un milieu modeste, est une jeune et belle tchèque. Ambitieuse, elle est prête à tout pour grimper dans la hiérarchie de l’établissement bancaire qui l’emploie.

Ces deux-là vont se trouver et les petites malversations qu’ils exécutent pour arrondir leurs fins de mois ne suffisent pas à combler leur appétence d’argent…

En narrateur omniscient qui n’hésite pas à interpeller le lecteur, l’auteur suisse, avec son style percutant et son propos féroce, se régale et s’amuse à décrire un monde où la trahison et les mensonges sont les meilleurs moyens d’atteindre le Graal à savoir le Dieu argent. Aucun personnage, les nantis comme ceux qui aspirent à l’être, ne trouve grâce à ses yeux. Sauf peut-être la Corse Mimi Leone, grande lectrice de Charles-Ferdinand Ramuz et moraliste à sa manière  ?

EXTRAITS

  • Derrière chaque richesse se cache un crime, écrit Balzac.
  • On suit le courant des fantastiques années ’80, Thatcher, Reagan, ce second souffle de l’ultralibéralisme lève définitivement le voile sur nos démocraties, l’idéal politique entamé par l’idéal économique et financier. La dite « Fin de l’Histoire », c’est peut-être ça : chacun pour soi et le dollar pour tous.
  • Tout ce qui ne sert à rien est précieux.
  • Et on a beau dire, le meilleur cocktail d’éclate, celui qui vous fait voir trouble et perdre le sens de la raison, reste l’endorphine couplée à la testostérone.
  • L’argent est devenu le « McGuffin » de l’Humanité. (…) Plus personne ne sait ce qu’est devenu l’argent, un moyen, un but, un prétexte, une dématérialisation de nos existences.

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