Les personnages du « Chat du Rabbin », qu’on a plaisir à suivre depuis près d’une vingtaine d’années, se réunissent au bord de la mer pour célébrer Roch Hachana. A quelques mètres de là, des colons les interpellent. « Sales juifs, rentrez chez vous » hurlent-ils.

Une bagarre s’ensuit. Le mari de Zlabya, désormais maman de deux enfants, en est maintenant certain : il faut quitter l’Algérie pour Israël.

Pour le dissuader, le rabbin du rabbin, Zlabya et le rabbin vont raconter leurs expériences respectives de Erest Yisrael marquées par les désillusions.

Alors que la Terre promise symbolise la pureté et la sainteté pour les Juifs, plusieurs religions cohabitent avec plus ou moins de bonheur. Pis, ses habitants, avides de distraction, se détournent de Dieu. « Même là-bas, on n’est pas à l’abri de la modernité » constate, dépité, le rabbin du rabbin.

De son séjour dans le pays, avec un passage dans un kibboutz, Zlabya avoue : « je ne comprends rien à ce pays ».

Quant à son père le rabbin qui devait enterrer le mari d’une femme de sa communauté, il s’est retrouvé en Egypte parce que les Anglais, alors administrateurs de la Palestine, imposaient la limitation de l’immigration des juifs. Même morts !

Avec humour, Joann Sfar flanqué de son célèbre chat facétieux si lucide sur la nature humaine, parcourt un siècle d’histoire qui rappelle combien les Européens ont mis le désordre, entre autres, en Algérie et en Palestine, la France en accordant en 1870 la nationalité aux Juifs mais pas aux Arabes, l’Angleterre en promettant un pays aux deux peuples. Conséquence : « à la fin, tout le monde se déteste » conclut le rabbin. J’ajoute que nous continuons à en payer les effets. Le racisme, qu’il s’exerce contre les Juifs ou contre les Arabes, a malheureusement de beaux jours devant lui.

EXTRAITS

• Croire en Dieu, c’est accepter de faire des trucs ridicules en son nom.
• Adulte, c’est quand on cesse de croire qu’il existe un endroit où les choses vont bien.