Le roman commence par une scène surprenante : dans sa voiture, Mathilda se démaquille, retire ses vêtements pour en enfiler d’autres. Elle redevient Laurent, un mari parfait, un bon père de famille qui rentre à son domicile pour retrouver sa compagne Solange et ses deux enfants, Thomas, 16 ans, et Claire, 13 ans.

Depuis son enfance, Laurent se sent mal dans son corps de garçon. Les injonctions de la société et sa rencontre avec celle qui deviendra son épouse lui font oublier un temps qu’il n’est pas un homme. En caressant les petites culottes en soie, en écoutant le crissement des bas sur sa peau bientôt imberbe, son « destin » lui saute à la figure : il veut devenir une femme, intégralement, y compris dans les apparences.

Ce désir irrépressible bouleverse l’équilibre familial : l’admirable Solange ne comprend pas ce qu’elle a raté ; la fille qui, après le choc, prend le chemin de l’acceptation ; le fils, perturbé comme tout adolescent par les questions d’identité, qui le rejette.

Ce qui m’a dérangée dans ce court roman bien écrit est moins la rapidité avec laquelle Laurent se transforme que les clichés que Léonor de Récondo, dont j’ai beaucoup apprécié « Pietra Viva » et « Amours », véhicule sur ce qu’est une femme. Se résume-t-elle à une belle robe, des talons hauts et des dessous affriolants ?

EXTRAITS

• Qu’est-ce que ça change, Solange ? Dis-le-moi ! Est-ce que ça fait de moi un mauvais père, un salopard ?
• Que reste-t-il de moi alors qu’il devient quelqu’un d’autre ?