Critique – Le mur invisible – Marlen Haushofer – Actes Sud

Critique – Le mur invisible – Marlen Haushofer – Actes Sud


En villégiature dans un chalet de la montagne autrichienne, la narratrice se réveille un matin et découvre qu’un mur transparent la coupe du reste du monde.

De l’autre côté de cette barrière invisible, hommes et animaux sont comme pétrifiés. Seule avec Lynx, le chien de son cousin par alliance, qui sera rejoint par une vache et des chats, elle apprend à survivre et en fait le récit au jour le jour et raconte comment elle a appris à se nourrir avec parcimonie, à se chauffer et à oublier son existence d’avant l’apocalypse construite sur des relations et une organisation sociales empreintes d’hypocrisie et de mensonges.

Pour assurer ses besoins fondamentaux, elle compose avec la nature, pas toujours bienveillante, et le rythme des saisons.

Paradoxalement, cette expérience solitaire de Robinson version féminine lui apporte, malgré la peur, la liberté, le sens de l’humilité, le goût du travail bien fait, lui fait toucher la vérité et appréhender la valeur des choses et des êtres comme les jappements joyeux du chien, les ronronnements de la chatte ou encore le bon lait tiré au pis de la vache. Une belle leçon de vie et une ode au féminisme et à l’écologie !

EXTRAITS

  • Je peux me permettre d’écrire la vérité, tous ceux à qui j’ai menti pendant ma vie sont morts.
  • Quand je me remémore la femme que j’ai été, (…) j’éprouve pour elle peu de sympathie. Mais je ne voudrais pas la juger trop sévèrement. Il ne lui a jamais donné de prendre sa vie en main.
  • Je n’avais qu’à attendre et à attendre encore. Ici tout vient en son temps, un temps qui n’est pas harcelé par des milliers de montres.
  • Il y des moments où je pense avec plaisir où il n’existera plus rien à quoi je puisse m’attacher. J’en ai assez de savoir d’avance que tout me sera enlevé.
  • Les humains sont les seuls à être condamnés à courir après un sens qui ne peut exister. (…) Il est difficile de se défaire de cette folie des grandeurs ancrée en nous depuis si longtemps.
  • Cet été-là j’oubliai complètement que Lynx était un chien et pas un homme.

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