Critique – Sapiens. La naissance de l’humanité – Tome 1 – Yuval Noah Harari – David Vandermeulen – Daniel Casanave – Albin Michel

Critique – Sapiens. La naissance de l’humanité – Tome 1 – Yuval Noah Harari – David Vandermeulen – Daniel Casanave – Albin Michel


« Sapiens. La naissance de l’humanité » est le tome 1 de l’adaptation en bande dessinée de l’essai « Sapiens. Une brève histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari paru en 2015. La série comptera quatre volumes.

Flanquée de sa jeune nièce Zoé, le professeur israélien va à la rencontre de scientifiques chargés de lever le voile et de déconstruire les idées reçues sur la naissance et l’évolution de l’humanité.

Tout d’abord, à l’origine, l’homme était un animal lambda et les anciens humains n’appartenaient pas tous à la même espèce. Il y a environ 50 000 ans, il y en existait au moins six : l’homo erectus, l’homo economicus, l’homo sapiens… Mais qu’est-ce qu’une espèce ? Elle caractérise des individus capables de se reproduire et d’engendrer une progéniture fertile.

Comment sapiens est-il parvenu à éliminer les autres espèces humaines et à dominer son environnement ? Il y environ 70 000 ans, les sapiens se sont répandus dans le monde entier à partir de l’est de l’Afrique. Deux théories opposées expliqueraient leur hégémonie sur les populations locales : le métissage et le remplacement. La dernière prouverait que chacun d’entre nous aurait le même bagage génétique. La première soulignerait qu’il pourrait exister des différences génétiques entre les Africains, les Européens et les Asiatiques. De quoi conforter les racistes ! Quelle théorie est juste ? La biologiste Saraswati répond : « les populations n’ont donc pas fusionné mais quelques gènes néandertaliens ont eu la chance de monter dans le sapiens express ».

Ce qui singularise le sapiens est sa capacité à coopérer en grand nombre pour construire des villes, des empires… Grâce à quel « miracle » cette collaboration élargie a-t-elle pu se produire ? Grâce à la fiction, à la mythologie ! C’est la révolution cognitive. Un exemple : si on croit en Dieu et si, surtout, on pense qu’on sera puni si on n’obéit pas à ses règles, on sera encouragé à les respecter. CQFD. Cette invention s’applique à toutes sortes de domaines. « On crée une entreprise de la même manière qu’on crée des dieux. On raconte des histoires et on convainc des gens d’y croire » explique Docteur Fiction à Armand Peugeot. Et « la plupart des guerres de l’histoire ont été menées pour des fictions » poursuit-il.

En historien, Harari s’est attaché à un phénomène : la baisse de la taille du cerveau depuis l’époque des fourrageurs qui désignent les chasseurs-cueilleurs d’avant la révolution agricole d’il y a 12 000 ans.

Avec le développement de l’agriculture et de l’industrie, l’homme a moins besoin de connaissances, comptant sur les talents des autres pour survivre. Le professeur ajoute que les vies de nos ancêtres étaient moins stressantes et plus « intéressantes » que les nôtres. Leur nourriture était plus variée et les maladies, transmises par la suite par les animaux domestiques, rares. A méditer.

La révolution cognitive a néanmoins eu ses revers : la détérioration de l’écosystème mondial et la disparition d’espèces humaines et animales. Mais, contrairement à nous, les sapiens de l’époque n’en avaient pas conscience.

Si l’essai de Yuval Noah Harari avait déjà une prétention vulgarisatrice, son adaptation en BD a des vertus encore plus pédagogiques. A conseiller à tous les jeunes et les moins jeunes qui s’intéressent à leurs racines, refusent une vision ethnocentrée de l’histoire et réfléchissent à l’impact délétère de l’homo sapiens que nous sommes sur son environnement.

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