Critique – Karoo – Steve Tesich

Critique – Karoo – Steve Tesich


« J’ai un terrible problème avec la vérité » confie Saul Karoo. Mais en plus d’être menteur, il est cynique, égoïste, lâche et incapable de montrer ses sentiments. Que ce soit avec sa femme dont il ne parvient pas à divorcer ou avec son fils adoptif. Comble de l’ironie, cet ivrogne invétéré ne parvient plus à atteindre l’ivresse malgré les quantités astronomiques d’alcool qu’il ingurgite.

Mais Karoo a un talent incontestable : à défaut d’être l’écrivain qu’il aurait rêvé d’être, il est le roi de la retouche de scénarios et de films ratés. Et les producteurs l’adorent. En particulier Cromwell, symbole détestable de la grosse machine hollywoodienne.

Si Karoo a réussi sa vie professionnelle (si réussite rime avec argent), sa vie affective est un désert.

Pourtant, son existence va être bouleversée par l’apparition dans un film dont il doit modifier le montage d’une femme dont on taira l’identité afin de ménager le suspense.

On passe ainsi de l’observation amusée d’un homme immoral à celle, tragique, d’un anti-héros qui se prend pour un démiurge en voulant faire le bien.

« Karoo » est l’une des meilleures lectures de ces derniers mois. C’est brillant, intelligent et désespérant. Du grand art. Cerise sur le gâteau : le livre est un très bel objet. Merci aux Editions Monsieur Toussaint Louverture.

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