Avant de lire le dernier livre de Jan Carson, j’ai été confrontée à une décision pas facile à prendre : mon peu de goût pour les nouvelles que je trouve souvent frustrantes et mon admiration pour l’autrice des « Lanceurs de feu ».

Dans la lignée d’une Patricia Highsmith, l’écrivaine saisit dans ses courtes histoires les travers de son pays, l’Irlande du Nord, et de ses habitants.

Avec une ironie cruelle qui fait mouche, elle s’en prend aux mariages qui étouffent, aux familles toxiques qui sont un carcan, à la haine des protestants envers les catholiques dont les Troubles, guerre civile qui a ensanglanté le pays pendant trente ans, furent l’expression la plus radicale.

En plus d’un humour noir réjouissant qu’elle distille avec gourmandise, l’autrice introduit un soupçon de fantastique pour illustrer, entre autres, combien la religion, telle qu’elle est pratiquée pas ses disciples, relève davantage de la superstition et d’une morale manichéenne que d’une démarche spirituelle.

On s’amuse beaucoup à la lecture de ces seize récits qui dénoncent l’égoïsme, l’absurdité, la mauvaise foi, le conformisme, la peur de l’autre, le pouvoir délétère des hommes sur son environnement…

En résumé, parce que le sujet est infini, c’est à la bêtise que Jan Carson s’en prend.