Critique – On m’appelle Demon Copperhead – Barbara Kingsolver – Albin Michel
Barbara Kingsolver est décidément une conteuse hors pair. Elle le prouve une nouvelle fois avec « On m’appelle Demon Copperhead », Prix Pulitzer 2023, un roman qui vous happe pour ne plus vous lâcher malgré ses six cent vingt pages.
« Je me suis mis au monde tout seul » confie le narrateur né « d’une gamine de dix-huit ans […] vautrée dans sa pisse et ses cachetons ».
Le gosse grandit dans un mobil-home auprès de sa mère junkie et alcoolique qui meurt d’une overdose. De son père melungeon disparu il a hérité la peau mate, la tignasse rousse et les yeux verts.
Le comté de Lee, coin de Virginie situé dans les Appalaches, où se déroule l’histoire est un repaire de rednecks, des bouseux oubliés des gouvernements successifs.
En faisant le récit poignant d’un garçon de sa naissance à son entrée dans l’âge adulte, « On m’appelle Demon Copperhead » est un roman d’apprentissage qui, sans misérabilisme, avec une grande justesse de ton entre trivialité et poésie ainsi qu’un humour désabusé, souligne la force des déterminismes sociaux dans la construction d’une personnalité.
Mais malgré les maltraitances, les obstacles et les plongées dans la drogue, Demon, avec son intelligence, son talent pour le dessin, des rencontres providentielles et des rêves qu’il pense parfois trop grands pour lui, fera preuve de résilience pour s’extraire d’un destin tout tracé.
En transposant le « David Copperfield » de Charles Dickens à notre époque, Barbara Kingsolver fait le portrait d’une communauté de laissés-pour-compte du rêve américain qui trouve l’oubli dans les opioïdes distribués en toute légalité par le système de santé américain.
Cent mille personnes en meurent chaque année.
Glaçant !
EXTRAITS
- Ce paradis pourri où tous les maux du monde avaient élu domicile.
- Nous les gens des collines on était les souffre-douleurs de l’Amérique.
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