Critique – Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe – Donal Ryan – Albin Michel

Critique – Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe – Donal Ryan – Albin Michel


C’est de la tristesse que l’on ressent à la lecture du roman de Donal Ryan, tristesse devant une vie gâchée dès la naissance. Johnsey, 24 ans, est laid, timide, asocial et un peu demeuré.

Enfin, c’est ce que pense la petite communauté irlandaise au sein de laquelle il évolue. Son père adoré est mort d’une longue maladie. Sa mère le suit peu après.

L’orphelin souffre-douleur hérite de la ferme familiale. Les terrains ayant été déclarés constructibles, les promoteurs rêvent d’y construire un lotissement. Les villageois le poussent à vendre espérant tirer de l’arrivée de nouveaux habitants une manne financière. Johnsey ne cède pas et s’enfonce dans la solitude, abandonné par ses parents qui l’ont surprotégé, et est habité par des pulsions de meurtre et de suicide.

Paradoxalement, c’est à l’hôpital, après avoir reçu une belle raclée, qu’il s’éveille à une nouvelle vie grâce avec sa rencontre avec Belle-Voix, l’infirmière, et Dave, son compagnon de chambrée.

Mais son destin le rattrape et il s’enferme jusqu’à la folie dans sa tour d’ivoire.

Portrait poignant d’une jeune garçon qui ne parvient pas à devenir un adulte à cause du regard des autres qui le considèrent à peine comme un humain, « Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe » est un livre sur l’autodestruction, celle du personnage principal, mais aussi celle d’une société fascinée par les mirages de l’argent et une pseudo modernité qui n’est qu’un leurre.

EXTRAITS

  • Johnsey avait treize ans à l’époque, une tignasse de cheveux noirs réfractaires à toute discipline, et une figure rubiconde. Ses mains étaient épaisses, ses pieds avaient tendance à le trahir et sa voix se fêlait dans sa gorge, elle jaillissait de sa bouche un ton trop bas ou grimpait dans les aigus, et puis sa tête remuait malgré lui quand il devait prendre la parole : un tel lot de misères pour un seul garçon, c’était assurément plus que quiconque ne pouvait en supporter.
  • Il faut vraiment avoir eu une vie de merde pour que le fait de se prendre une dérouillée et de se retrouver dans le noir soit au final le plus beau moment de son existence…

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