Critique – Une saison pour les ombres – R.J. Ellory – Sonatine

Critique – Une saison pour les ombres – R.J. Ellory – Sonatine


Jack, Jacques dans son ancienne vie, est à Montréal lorsque le passé ressurgit. Il reçoit un appel téléphonique d’un policier de Jasperville lui annonçant que son frère Calvis a attaqué un homme qu’il pense être un serial killer, le laissant moribond.

Malgré les terribles souvenirs qu’il conserve de cette cité minière du nord-est du Québec, Jack retourne sur les lieux de sa jeunesse. « Quel que soit le chemin qu’il avait parcouru, il finirait toujours par rentrer chez lui » écrit l’auteur.

Tout commence en 1957 à Montréal lorsque Henri Devereaux épouse Elizabeth. Trois enfants naîtront de cette union improbable entre un analphabète et une professeure d’anglais. Jacques-Jack est le deuxième de la fratrie.

Les difficultés financières du couple sont telles qu’il saisit l’opportunité d’un nouveau départ en 1969. Bien mal lui en a pris. Car Jasperville, surnommé Despairville, n’a rien d’un éden. Avec un hiver glacial qui dure huit mois, le climat y est plus qu’hostile. Le paysage est désolé. Même les animaux, peu nombreux, ont déserté ce bout de terre où la végétation est rare.

Quant aux humains, ils sont attirés par les salaires confortables et le logement que leur offre la compagnie minière Canada Iron.

La situation dégénère lorsque le corps affreusement supplicié d’une jeune fille est retrouvé. Qui est le coupable ? Un ours, une meute de loups, un homme ou un wendigo, créature maléfique dans la tradition algonquienne.

Si les esprits « rationnels » plaident pour un animal, d’autres, dont le grand-père de Jacques atteint de démence sénile, penchent pour le surnaturel. Malgré sa folie, il instille le doute dans les esprits des membres de la famille, y compris du père qui devient de plus en plus violent.

C’est cette fureur paternelle et les délires que Jacques fuira, ainsi que les fantômes des jeunes filles assassinées.

Vingt-six ans après son départ, il devra pourtant affronter son passé pour sauver le frère qu’il a abandonné, revoir la femme qu’il a aimée et délaissée et regarder en face les démons qui l’habitent toujours. Pour tout réparer, y compris lui-même, si c’est encore possible…

Si l’intrigue policière est plutôt biscornue, le dernier roman de R.J. Ellory à la construction impeccable vaut surtout pour la tension dramatique, entre légendes amérindiennes effrayantes et barbarie humaine, qu’il instaure en semant des indices comme des petits cailloux jusqu’à la révélation finale.

EXTRAITS

  • La vérité, c’est que le pire arrive aux gens bien.
  • L’enfer est vide, dit Calvis, tous les démons sont parmi nous.

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