Critique – Au printemps des monstres – Philippe Jaenada – Mialet-Barrault

Critique – Au printemps des monstres – Philippe Jaenada – Mialet-Barrault


De « Sulak » à « Au printemps des monstres (quel joli titre un peu inquiétant) en passant par « La petite femelle » et « La serpe », le sympathique Philippe Jaenada, aux allures de nounours bien léché, s’empare de faits divers pour réhabiliter leurs auteurs ou tout simplement les innocenter.

Dans son dernier opus, notre Sherlock Holmes barbu se penche sur l’affaire de l’Etrangleur. Pour résumer, il s’agit de l’assassinat en 1964 de Luc Taron, 11 ans, par Lucien Léger, celui qui se cache derrière le fameux étrangleur.

S’il est bien l’auteur des lettres anonymes, l’infirmier de 27 ans n’est pas, selon l’auteur, le responsable du meurtre. Et il va le prouver tout au long des 750 pages de ce roman foisonnant et rocambolesque en reprenant méticuleusement une enquête bien mal menée par la police et la justice qui ont trouvé dans ce mythomane le coupable idéal. Il ira même beaucoup plus loin que les soi-disant fins limiers des années 1960 en s’autorisant des pas de côté pour faire la lumière sur cet épisode sordide où l’ombre de Philippe Modiano plane sur un Paris fantomatique.

Et, comme une marque de fabrique, Philippe Jaenada pratique l’art de la digression à partir de sa petite personne en faisant du lecteur le spectateur de sa déchéance physique accélérée par des décennies de tabagie, d’ingestion de nourriture bien grasse et d’absorption de bons gorgeons de whisky.

Ses divagations un brin égocentriques sont réjouissantes et allègent le sérieux de ses investigations obsessionnelles qui métamorphosent l’auteur de « La femme et l’ours » en justicier des temps modernes.

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