Critique – Destiny – Pierrette Fleutiaux – Actes Sud

Critique – Destiny – Pierrette Fleutiaux – Actes Sud


Chaque jour, les médias nous font part du drame des migrants, cette masse informe et impersonnelle. Le parti pris de Pierrette Fleutiaux est de donner un nom, un visage et un corps à cette catastrophe humanitaire devant laquelle nous baissons les yeux.

Anne, la Parisienne, a choisi elle d’affronter la réalité après avoir croisé le regard de Destiny, une Nigériane ayant fui la violence de son pays pour trouver refuge en France. Mais l’accueil de ces damnés de la terre ne correspond pas à la tradition d’hospitalité qui devrait définir la patrie des droits de l’homme.

Anne va en quelque sorte se substituer aux défaillances de l’Etat et prendre par la main cette mère de famille de nouveau enceinte. Cette assistance passe par la compréhension de l’inconcevable parcours d’un être humain qui n’hésite pas à mentir sur son passé pour le rendre moins terrible.

Dans Destiny, il est question d’une rencontre choc entre deux femmes que tout oppose : Anne, à la vie ordinaire, et son acolyte africaine dont la vie ne fut que blessures et qui aspire à une existence normale.

Magnifiquement écrit, le récit de Pierrette Fleutiaux décrit tout en pudeur et sans pathos une belle aventure de résilience et d’amitié.

EXTRAITS

  • Par ces deux, ces trois incarnations du dénuement, celle des campagnes d’autrefois et celles des villes européennes d’aujourd’hui, Anne peut commencer à avancer sur la route aride qui mène à la connaissance du dénuement total, effrayant, mais elle sent bien qu’aucune de ces incarnations du dénuement ne convient pour Destiny, aucune ne correspond à ce qu’elle raconte.
  • Pour les pauvres, la vie est un casse-tête permanent, la pauvreté requiert ténacité et compétences multiples, survivre en état de pauvreté est un travail.
  • La misère est comme l’Hydre, on réussit à lui couper une tête, il en repousse une autre.
  • Pendant ce temps, les barques arrivent. Les années passent, elles continuent d’arriver.

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