Critique – La leçon de ténèbres – Léonor de Récondo – Stock

Critique – La leçon de ténèbres – Léonor de Récondo – Stock


Après Picasso croqué par Kamel Daoud, Christophe Ono-dit-Biot, Santiago H. Amigorena ou encore Enki Bilal et Giacometti vu par Lydie Salvayre, les Editions Stock ont convié Léonor de Récondo à s’exprimer sur Le Greco dans sa collection « Ma nuit au musée ».

C’est sous une chaleur accablante que l’auteure, flanquée de son violon, pénètre dans le Museo del Greco de Tolède.

Dans la pénombre du musée, elle aperçoit la série des « Apôtres ». Puis, plus loin, « Vue et plan de Tolède ».

Tout en s’imprégnant des lieux, elle restitue des fragments de la biographie réelle et imaginée du peintre. Né en Crète en 1541, il peint des icônes, une activité répétitive qui ne lui permet pas d’exprimer pleinement son talent. Il quitte alors l’île abandonnant Ariana, l’amour de sa vie, et passe dix années à Venise et à Rome qui ne surent pas reconnaître son talent. Lorsqu’il s’installe à Tolède, il a déjà plus de 35 ans.

Le choix de Léonor de Récondo de passer une nuit au Museo del Greco et de relater ses impressions fait suite à une visite qu’elle a faite 15 ans plus tôt avec ses parents artistes qui ont éduqué très tôt son regard. Le déclic a lieu lorsqu’elle retrouve un carnet de son père dans lequel se trouve une reproduction de « La Trinité ».

J’ai plutôt bien aimé quand Léonor de Récondo évoque le parcours du peintre. J’aurais aimé qu’elle s’attarde davantage sur son œuvre, sur le processus de création artistique et sur ce génie si moderne avec ses « personnages étirés » et ses « couleurs nettes sans aucune ombre portée », dont on reconnaît le style au premier regard. Comme Le Caravage, Goya, Picasso qui fut un grand admirateur du Crétois. En revanche, j’ai trouvé ses adresses au peintre à coups de « mi amor » complètement ridicules. Même si on comprend que, via El Greco, elle veut retrouver son père décédé en 2015 à qui elle a consacré l’un de ses derniers livres, « Manifesto » et que, plus largement, elle pleure « les instants qui s’enfuient, tout ce qui nous échappe et que nous tentons si désespérément de saisir ».

Même si les dernières pages rattrapent l’ensemble, cette « Nuit au musée » me semble manquer de justesse. Il ne m’a pas touchée.

EXTRAITS

  • Je crois à l’éducation du regard qui comprend l’élaboration d’une réflexion.
  • Tu te fais l’ardent défenseur de la couleur, du geste impétueux qui s’émancipe des codes anciens trop longtemps exploités.

+ There are no comments

Add yours