Critique – Le travailleur de la nuit – Matz et Chemineau – Rue de Sèvres

Critique – Le travailleur de la nuit – Matz et Chemineau – Rue de Sèvres


« J’ai vu le monde et il n’était pas beau » a écrit Alexandre Jacob, héros de cette BD épique et émouvante.

Vivant dans un quartier pauvre de Marseille, le jeune Alexandre, né en 1879, est passionné par Jules Verne. Rêvant de voyages lointains, il embarque comme moussaillon et constate que l’humanité n’est que violence et exploitation.

Au fur et à mesure de son apprentissage de la vie, il se radicalise et rejoint les rangs des anarchistes allant même jusqu’à fonder une véritable entreprise de « travailleurs de la nuit » qui volent aux riches pour donner aux plus démunis.

La justice le rattrape et l’envoie au bagne de Cayenne où la forte tête ne cédera rien à ses convictions.

Bienveillant avec ses proches, compatissant avec les plus pauvres, ce Robin des Bois des temps modernes aurait inspiré le personnage d’Arsène Lupin dont Maurice Leblanc aurait néanmoins gommé la dimension politique.

Entre gros plans expressifs sur les visages et représentations de la nature et des villes, la puissance des aquarelles de Léonard Chemineau complète et rythme le scénario bien dialogué de Matz.

La fin, qui arrive trop vite tant on s’est attaché à cet homme dont la vie est un roman, est poignante et elle confirme que cet homme révolté n’a jamais renié ses idéaux.

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