Critique – L’intimité – Alice Ferney – Actes Sud

Critique – L’intimité – Alice Ferney – Actes Sud


Ada et Alexandre forment ce qu’on appelle un couple parfait. C’est ce que pense Sandra, leur voisine et amie, qui garde le petit Nicolas alors que les époux se rendent à la maternité.

Pendant leur absence, la libraire féministe se persuade que la procréation, ce n’est vraiment pas pour elle. « L’utérus est l’ennemi numéro un de l’égalité, l’organe sexiste par excellence » pense-t-elle.

Quelques heures plus tard, elle apprend le décès d’Ada. L’enfant est sauve. Elle se prénomme Sophie. Sandra la protégera et deviendra l’indéfectible complice d’Alexandre. Submergé par le chagrin, ce dernier est aussi rongé par la culpabilité d’avoir insisté pour avoir son propre enfant, Nicolas étant son beau-fils.

Les mois passant, Alexandre s’autorise à « refaire sa vie ». Pour trouver rapidement la bonne personne, rien de tel que les sites de rencontres. Il y découvre la perle rare… J’arrête là le résumé du dernier roman d’Alice Ferney.

Par le biais de la fiction, l’auteure du magnifique « Grâce et dénuement » s’interroge sur le désir d’enfant, sur ce qu’est une mère, sur la profonde inégalité entre les hommes et les femmes qui veulent fonder une famille de façon « classique » mais aussi sur l’éviction récente des hommes dans la décision de la conception, sur la fécondation sans sexe, sur la dissociation entre procréation et gestation, sur la quasi-obligation intimée par la société de nous reproduire.

Cette exhortation a permis le développement d’une véritable industrie chargée de combler un manque, de combattre l’infertilité et d’accorder à celles qui refusent l’étape qu’elles jugent désagréable de la grossesse de louer un ventre.

La prometteuse veine romanesque du premier tiers du livre se mue alors en un pamphlet contre la GPA. Rien ne nous est épargné sur cette marchandisation des corps des femmes qui portent l’enfant d’une autre et, pire, sur les bidouillages qui font froid dans le dos (lire page 240). Jusqu’à provoquer des haut-le-coeur. C’est dommage car j’aime beaucoup l’écriture d’Alice Ferney et son intelligence des enjeux sociétaux et éthiques. Mais je pense qu’un essai aurait été plus adapté à cette diatribe.

EXTRAIT

– Une GPA est un viol technique en bande organisée.

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