Critique – Oligarque – Elena B. Morozov – Grasset

Critique – Oligarque – Elena B. Morozov – Grasset


Grigori n’a que sept ans quand il perd son père mort dans un accident du travail. L’enfant ne verse aucune larme. Son regard, plein de « rage et de reproches », rend ses interlocuteurs mal à l’aise. Peu de temps après, il devient orphelin d’une mère internée en hôpital psychiatrique. Adopté par un collègue de son géniteur et sa femme, il grandit dans un foyer heureux aux côtés de Lena, sa demi-sœur.

« Renfermé et secret », il ne semble prendre du plaisir qu’en pratiquant les échecs, jeu dans lequel il excelle.

Nous sommes en 1975 à Perm, ville de l’Oural réputée pour son usine de fabrication de câbles.

Dix-sept ans plus tard, nous retrouvons Gregori, brillant étudiant à l’Institut polytechnique. La fédération de Russie, issue de la dislocation de l’URSS fin 1991, conduit, sous la houlette de la Banque mondiale, un large programme de privatisations de l’économie. Exit le communisme, vive le capitalisme le plus effréné ! Les plus malins sauront profiter de cette occasion pour s’enrichir. Grigori sera de ceux-là.

Le roman nous entraînera ensuite en 2008 au moment de la crise des subprimes qui mit à mal le système bancaire, puis en 2020 en pleine épidémie de Covid, autre coup dur pour la mondialisation.

Grigori traversera ces moments avec plus ou moins de bonheur, affrontant l’adversité et les chausse-trappes semées par ses ennemis.

Mêlant faits réels et fictionnels, ce thriller politico-financier bien construit et haletant se lit d’une traite.

Reste le titre un peu trompeur. Car Grigori n’est pas un oligarque au sens propre. Il est un solitaire qui s’est construit sans l’appui du pouvoir, un électron libre qui n’a eu pas l’heur de plaire aux autocrates russes.

+ There are no comments

Add yours