Critique – Un été avec Pascal – Antoine Compagnon – Les Equateurs

Critique – Un été avec Pascal – Antoine Compagnon – Les Equateurs


Série d’émissions diffusées sur France Inter et éditées l’année suivante par Les Equateurs, « Un été avec… » a mis à l’honneur Montaigne, Proust ou encore Baudelaire. En 2019, Antoine Compagnon s’est attelé à la « montagne » Pascal, figure austère s’il en est.

Scientifique, philosophe, théologien, l’homme du 17ème siècle nous a laissé de nombreuses maximes passées dans le langage courant :

  • Qui veut faire l’ange fait la bête.
  • Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.
  • L’homme est un roseau pensant.
  • Le moi est haïssable.
  • La vraie éloquence se moque de l’éloquence.
  • Qui veut faire l’ange fait la bête.
  • J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans sa chambre (très entendue pendant le confinement !).

Parmi toutes les brillantes chroniques proposées par le professeur au Collège de France qui éclairent la réflexion de l’auteur des « Pensées », tentons d’extraire les lignes principales.

L’homme est au cœur de ses observations. Il est dominé par la vanité c’est-à-dire le vide au sens étymologique du terme. Il est aussi victime de l’imagination qui l’empêche d’atteindre la vérité. Pour fuir ce néant qui l’enveloppe, il s’adonne au divertissement qui lui interdit de méditer sur sa triste position.

Cette interrogation sur la condition humaine se double d’une méditation sur la religion et, plus largement, sur la foi. Profondément croyant, Pascal propose aux sceptiques de faire un pari : en gageant sur l’existence de Dieu, les incrédules vont gagner la félicité éternelle. Dans le cas contraire, ils ne perdent rien dans la mesure où leurs vies restent misérables. Comme avant !

Quels ont été les legs de Pascal ? Alors que les philosophes des Lumières ont rejeté sa dévotion et l’ont pris, comme Voltaire, pour un fou, les marxistes l’ont respecté pour « sa virtuosité dialectique » et ont substitué le pari sur l’existence de Dieu à celui sur le sens de l’histoire qui justifie l’engagement politique.

Lorsque Pascal écrit « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison », cela fait de lui, selon Antoine Compagnon, « le précurseur des théoriciens contemporains des émotions et affects ». Si moderne ce Pascal !

Il est aussi et surtout celui qui recherche « la position qui dépassera les contradictions , qui sera équidistante des extrêmes ». Une attitude salutaire en ces temps où dominent le manichéisme et l’absence de sens de la nuance.

Merci à Babelio et aux Editions des Equateurs pour cette lecture stimulante.

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