Critique – Ilaria ou la conquête de la désobéissance – Gabriella Zalapi – Zoé

Critique – Ilaria ou la conquête de la désobéissance – Gabriella Zalapi – Zoé


Gabriella Zalapi puise dans son histoire personnelle la matière de ses romans. Elle signe, en cette rentrée littéraire de l’automne 2024, son troisième opus.

Printemps 1980. Ilaria, huit ans, attend sa sœur Ana lorsque son père surgit. « Viens, nous allons Chez Léon » ment-il avec sa promesse de rejoindre son aînée et sa mère au restaurant où, depuis la séparation des parents, ils ont l’habitude de se retrouver une fois par mois.

Commencent alors une cavale et le vol de deux années d’une enfance qui a besoin de repères et de sécurité pour se construire.

De la Suisse, le tandem, embarqué dans une BMW bleu marine modèle 320 coupé résonnant des tubes de l’époque, rejoint l’Italie, dort dans des chambres miteuses au-dessus de bars dont le père aura éclusé les stocks de whisky, s’arrête dans des Autogrills dont l’univers coloré fascine l’enfant.

Après avoir posé des questions, Ilaria se tait, de plus en plus terrifiée par les réactions de son géniteur qui ne cesse de fabuler, de sauter d’une humeur à une autre et de lui faire du chantage affectif. Alors, elle se réfugie dans la peinture…

Dans un style sec fait de courtes phrases, avec une économie de mots et un art de l’ellipse Gabriella Zalapi dessine le portrait d’une petite fille écartelée entre ses parents et confrontée à la solitude et aux délires de son père.

Au-delà de ce tableau intime d’une finesse brutale, elle fait l’anatomie de la fin des années de plomb en Italie pendant lesquelles l’extrême droite et l’extrême gauche ont semé la terreur dans le pays.

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