Critique – Babysitter – Joyce Carol Oates – Philippe Rey

Critique – Babysitter – Joyce Carol Oates – Philippe Rey


Dix ans après les émeutes raciales de 1967 à Detroit, il fait bon vivre à Fair Hills, banlieue chic et tranquille de la capitale de l’automobile.

Pourtant Hannah s’ennuie ferme dans sa vaste maison entourée d’un immense parc l’abritant du regard des voisins.

La presque quadragénaire mère de deux jeunes enfants est mariée à Wes, un époux bien occupé par ses affaires et qui ne la regarde plus malgré tous ses efforts pour être encore séduisante.

Pour se conformer à ce qu’on attend d’une femme au foyer de son rang, elle s’investit dans des associations caritatives. C’est lors d’une soirée destinée à récolter des fonds pour ses bonnes œuvres qu’un homme lui effleure le poignet.

Ce premier contact sera suivi de nombreux autres dans un hôtel. Malgré la violence des relations sexuelles que Y. lui inflige, elle se sent vivante. L’implacable engrenage s’installe pour faire plonger cette « desperate housewife » puissance dix…

Pendant ce temps, un violeur et assassin d’enfants blancs surnommé « Babysitter » sévit dans les quartiers huppés de la ville où la panique et la paranoïa gagnent les habitants qui pensaient être à l’abri de la brutalité du monde.

En empruntant les codes du thriller, Joyce Carol Oates nous entraîne en même temps que son « héroïne » au cœur des abîmes où le mal sous-jacent surgit pour mieux broyer les innocents.

Avec son style tentaculaire qui parvient si bien à envelopper le lecteur dans un brouillard délétère, la prolifique autrice américaine écrit une nouvelle page sur les travers qui rongent son pays : la violence et le racisme intrinsèques, l’hypocrisie des bien-pensants, le pouvoir de l’argent et des apparences, la femme comme objet exclusif de désir…

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