Critique – Ce lien entre nous – David Joy – Sonatine

Critique – Ce lien entre nous – David Joy – Sonatine


Ceux qui connaissent l’oeuvre de David Joy (« Là où les lumières se perdent » et « Le poids du monde ») n’ignorent pas que l’auteur fait fi de toute once d’intellectualisme.

Quand on sait où l’écrivain est né et où il vit toujours (cf. la vidéo de la rencontre avec François Busnel dans « La Grande Librairie), on comprend mieux l’âpreté de ses récits. C’est en effet dans les Appalaches, côté Caroline du Nord, que l’intrigue de « Ce lien entre nous » se déroule. La chasse, l’entretien des armes et le travail manuel occupent le quotidien de la plupart des « petits blancs » taiseux qui peuplent cette chaîne de montagne hostile et délaissée par le progrès économique

Darl, braconnier à ses heures perdues, tue un homme en pensant tirer sur un sanglier. Malheureusement, la victime, Carol Brewer, est le frère adoré de Dwayne, un homme réputé pour sa cruauté et sa brutalité. Pour cacher le cadavre, il fait appel à Calvin, son meilleur ami, qui va devenir malgré lui complice de la mort du « simple d’esprit né dans une famille que Jésus-Christ n’avait pas pu sauver ». Mais le stratagème échoue et l’engrenage de la violence se met en place comme un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage.

Dans une écriture très réaliste, crue, rude, sans filtres mais aussi lyrique quand il évoque les grands espaces qui lui sont si familiers, David Joy a l’art de raconter des histoires simples incarnées par des gens ordinaires mus par des sentiments et des passions primaires.

Avec son personnage principal, l’auteur souligne combien la religion et la figure de Dieu sont prégnantes dans son esprit mais son Dieu est vengeur et la morale à laquelle il se réfère est celle de la loi du Talion. Tout en pensant être sa main, Dwayne rejette ce Dieu qui semble s’amuser de sa souffrance née dans l’enfance et qui ne l’a plus jamais quittée. Jusqu’à le rendre fou de colère. « Certaines personnes n’ont jamais rien » pense-t-il en songeant à son frère et à lui-même.

Il ajoute plus loin à propos de Dieu : « Je suppose qu’il faut qu’Il soit capable de pardonner quand Il a Lui-même fait bien pire ». Après le châtiment, la rédemption ?

EXTRAITS

  • Son esprit n’était plus qu’instinct.
  • Même si ça paraissait facile au cinéma, il n’y avait aucune grâce dans la mort.
  • Les choses avaient un don pour ne jamais quitter ces montagnes. Les histoires prenaient racine comme tout le reste.

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