Critique – Dalva – Jim Harrison – Christian Bourgois
Si la force des personnages faisait un bon roman, « Dalva » figurerait sans conteste dans le panthéon de la littérature.
Tout d’abord, il y a Dalva, quadragénaire au mitan des années 1980, une femme libre, indépendante, soucieuse des autres alors qu’elle pourrait profiter de sa fortune mais qui vit avec les fantômes du passé : son grand-père à moitié indien adoré, Duane, le jeune Sioux dont elle eut un enfant qu’elle a du abandonner à la naissance et qu’elle espère retrouver… Il y a Naomi, la mère, admirable d’abnégation, qui converse avec son mari mort à la guerre de Corée. Il y a Ruth, l’extravagante sœur qui s’est amourachée d’un prêtre particulièrement laid (« Pris séparément, ses traits n’ont rien de repoussant ; c’est leur juxtaposition qui est vraiment laide » dit-elle). Et il y a Michael, le clown triste. Amoureux de Dalva, cet historien porté sur la bouteille, peu doué pour la vie dans un ranch et fort drôle malgré lui la convainc de lui confier le journal de son arrière-grand-père, grand défenseur des Indiens et témoin de leur quasi-extermination et de la destruction de leur culture qui les a poussés, entre autres, à l’alcoolisme, à la mendicité et à la violence.
Voilà pour l’histoire qui ne m’a pas emballée plus que cela. Il manque du liant pour apprécier ces voyages un peu décousus dans le temps et dans l’espace. Jim Harrison est en revanche excellent dans ses descriptions lyriques de la nature et des relations de Dalva avec les chevaux. Il me semble qu’il est meilleur dans les textes courts que dans les récits au long cours. Je pense au magnifique « Légendes d’automne ».
EXTRAIT
Si les nazis avaient gagné la guerre, l’Holocauste aurait été mis en musique, tout comme notre cheminement victorieux et sanglant vers l’Ouest est accompagné au cinéma par mille violons et timbales.
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