Critique – L’Invitée – Emma Cline – La Table ronde

Critique – L’Invitée – Emma Cline – La Table ronde


C’est avec soulagement qu’Alex a quitté New York pour Long Island abandonnant ses petits boulots épisodiques d’escorte et les dettes accumulées dont un certain Dom ne manque pas de lui rappeler l’existence en la harcelant au téléphone.

Arrivée dans l’île, repaire de méga-riches qui pratiquent l’entre-soi, Alex vit chez Simon, un quinquagénaire portant encore beau. Leur arrangement tacite consiste, pour elle à profiter de la magnifique propriété de son hôte agrémentée d’une piscine, de la proximité de l’océan et du stock d’antalgiques dans lequel elle puise allégrement, pour lui de jouir d’une jeune fille plutôt jolie et peu pudibonde.

Après un dérapage, Simon congédie sa compagne avec une morgue si caractéristique de sa condition.

Il est impossible pour celle-ci de retourner en ville. Elle se fixe alors un objectif : patienter jusqu’à la fête pour le Labor Day que Simon doit organiser dans une semaine. À cette occasion, elle prévoit de faire son retour et de se faire pardonner par son amant. Le compte à rebours peut commencer.

En attendant, elle doit trouver un toit et tous les moyens sont bons pour y parvenir…

Kleptomane, mythomane, manipulatrice, duplice, dénuée de sentiments, Alex n’est pas un personnage très sympathique mais elle incarne à merveille l’archétype de la fille pauvre, paresseuse et un peu paumée dotée d’un culot et d’un instinct de survie à toute épreuve.

En tirant avantage des riches, cette parasite qui n’hésite pas à s’incruster quelles que soient les humiliations qui ne semblent pas l’atteindre ne fait que reproduire, en l’inversant, le schéma d’exploitation de ceux qui n’ont pas de capital par les nantis.

Les amateurs de récits d’aventure seront forcément déçus par « L’Invitée », roman qui vaut surtout pour l’atmosphère nébuleuse, menaçante et toxique qu’il instille ainsi que pour le sentiment de désolation qu’il dégage.

Ce livre, qui confirme le talent de l’autrice de « The Girls », a tout pour être adapté au cinéma avec Sofia Coppola derrière la caméra.

EXTRAITS

  • Ce jeu qui consistait à convaincre les gens de la valeur d’une chose – à cet égard, Simon et elle n’étaient pas si différents.
  • Comme elle avait été idiote de penser qu’elle pouvait se détendre.
  • Alex représentait une sorte de meuble social inerte.

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