Critique – Ca raconte Sarah – Pauline Delabroy-Allard – Les Editions de Minuit

Critique – Ca raconte Sarah – Pauline Delabroy-Allard – Les Editions de Minuit


Déclaration passionnée à un amour défunt, le texte de Pauline Delabroy-Allard se lit s’une traite, sans respirer tellement la plume est rythmée et haletante.

On ressort des quelque 180 pages essoufflé et admiratif devant le talent de la jeune primo-romancière. Peu importe que ce genre d’histoire n’ait pas forcément ma préférence, seule compte l’écriture qui sait si bien transmettre les sensations.

Rien ne laissait présager le bouleversement qui va saisir la narratrice. Professeur dans un lycée, maman d’un petite fille dont le père est parti, elle mène une vie paisible auprès d’un nouveau compagnon. A l’occasion d’une soirée chez des amis, elle rencontre Sarah, une violoniste. D’une amitié « éclair » va naître une relation ardente entre les deux hétérosexuelles que rien ne destinait au saphisme. Ce qui compte dans cette liaison, au-delà du sexe ou du genre, c’est le coup de foudre enflammé entre deux personnes que tout oppose : la réserve chez la conteuse, la fougue, frôlant la folie de Sarah.

Sur des musiques de Schubert, de Beethoven ou encore de Mendelssohn, Pauline Delabroy-Allard élabore un récit qui évoque les questionnements de Marguerite Duras (elle fait référence à « India Song ») mais aussi d’Annie Ernaux.

Mixant puissance et dépouillement, elle dépeint avec justesse les affres de la passion amoureuse. C’est beau et émouvant. Même si l’excès dans la description des sentiments est parfois agaçant. Mais tout emportement est forcément exagéré.

EXTRAITS

  • Ca raconte Sarah, sa beauté inédite, son nez abrupt d’oiseau rare, ses yeux d’une couleur inouïe, rocailleuse, verte, mais non, pas verte, ses yeux absinthe, malachite, vert-gris rabattu, ses yeux de serpent aux paupières tombantes.
  • Dans cette tempête, elle est capitaine de navire. Je deviens femme de marin.

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