Critique – Isidore et les autres – Camille Bordas – Inculte

Critique – Isidore et les autres – Camille Bordas – Inculte


Dans la famille Mazal, Isidore est le vilain petit canard. A 11 ans, son âge au début du roman, il passe inaperçu, n’a pas parlé avant l’âge de trois ans, est mal à l’aise dans son corps, a des bagues aux dents…

Sacrilège suprême : il n’aime pas lire alors que Aurore, Bérénice, Simone, Léonard et Jérémie, ses sœurs et frères, sont plongés dans leurs bouquins, travaillent inlassablement sur leurs thèses (histoire de reculer leur entrée dans la vie active et d’éviter de se confronter au réel) sans regarder le monde qui les entoure pour lequel ils n’éprouvent que mépris. Ces jeunes asociaux élitistes pratiquent des séances de condescendance dans lesquelles ils débriefent leurs rencontres avec tous ceux qui leurs sont inférieurs c’est-à-dire la grosse majorité de l’humanité. Ils sont tellement hors-sol que l’un d’entre eux trouve chez une personne une ressemblance avec Alfred Stieglitz (pour les ignorants, il fut l’un des premiers à élever la photographie au rang d’oeuvre d’art (merci Wikipedia), à ne pas confondre bien sûr avec Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Economie) alors que le commun des mortels puiserait plutôt dans le registre des chanteurs ou des acteurs ! A l’inverse, Isidore, toujours dans l’empathie, est tournée vers les autres. La preuve : sa meilleure amie Denise souffre d’anorexie mentale et de dépression sévère ! Morale de ce feelgood book joliment tourné mais souffrant de quelques longueurs : l’égocentrisme isole. On le savait déjà mais une petite piqûre de rappel fait toujours du bien.

EXTRAITS

  • J’étais le dernier des six et je ne voulais pas qu’on m’attribue les bizarreries des autres. Je voulais être unique (…) En même temps, je n’avais pas trop le choix (j’étais moins beau et moins intelligent que les autres).
  • Aucun de mes frères et sœurs ne comptait prendre part à la société (ils voulaient tous êtres ermites et réfléchir)…
  • Y a que quelqu’un comme Denise que ma transparence pouvait intriguer. Ca devait l’intéresser de voir si cette forme-là de néant pouvait l’aspirer.

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